Carmen Linares : "40 años de Flamenco" / Esperanza Fernández : "Sevilla 40.0"

mercredi 27 novembre 2024 par Claude Worms

Carmen Linares : "40 años de Flamenco" : deux CDs et un livre — Salobre, juin 2024.

Esperanza Fernández : "Sevilla 40.0" : un CD — Air Music, octobre 2024.

Heureux hasard du calendrier, deux cantaoras majeures du flamenco contemporain fêtent en 2024 leurs quarante années de carrière avec deux albums qui, bien que fort différents, sont comme tous leurs disques antérieurs des événements.

Précisons que pour Carmen Linares, il s’agit du quarantième anniversaire de ses débuts "pa’lante" — si l’on ajoutait ses premières années de cante "pa’trás" (pour Paco Romero, Laura Toledo, Tío Fati et surtout Carmen Mora), il faudrait plutôt cinquante bougies... Les 21 pièces de "40 años de Flamenco" (deux CDs) ont été enregistrés au cours d’une tournée espagnole de deux années (2020-2022) : Jaén, Granada, Alicante, Córdoba, Fuenlabrada, Jerez, Pamplona, Oviedo, Sevilla, Barcelona, Mallorca, Málaga et Madrid (à quatre reprises : Festival Suma Flamenca, Teatro de la Zarzuela, Veranos de la Villa et Festival Inverfest). Il s’agit donc du troisième album live de Carmen Linares, après "Desde el alma. Cante flamenco en vivo" (WDR World Network, 1994) et "Remembranzas" (Salobre, 2011). Pour chaque concert, elle a invité des musiciens qui furent un temps ses "compagnons de voyage". Leur liste suffit à démontrer le respect qu’elle inspire aux artistes qui ont eu le bonheur de collaborer avec elle, bien au-delà du flamenco proprement dit. Dans l’ordre des plages : Estrella Morente, Joan Manuel Serrat, Miguel Poveda, Martirio, Pitingo, Arcángel, Silvia Pérez Cruz, María del Mar Bonet, Marina Heredia, Luz Casal, Juan Antonio Valderrama et Lucía Espín (la fille de Carmen) — liste non exhaustive à laquelle il convient d’ajouter les guitaristes Pepe Habichuela, Miguel Ángel Cortés et Rafael Riqueni (les deux premiers l’ont longtemps accompagnée sur scène et en studio) et le percussionniste Dani Suárez.

Le casting se passe de commentaires et nous vous épargnerons également les superlatifs concernant l’œuvre de Carmen Linares, dont nous avons épuisé le stock disponible pour les critiques des opus précédents et les trois articles que nous avons consacrés à sa discographie (cf. liens ci-dessous, pour les hispanophones et les francophones) — à ces niveaux qualitatif et quantitatif, nous ne voyons pour les cantaoras que celle de Pastora Pavón "Niña de los Peines" qui puisse lui être comparée. Outre quelques nouveautés motivées par des duos avec telle ou tel artiste et quelques souvenirs plus anciens, la sélection porte majoritairement sur ses trois derniers enregistrements en date, "Raíces y Alas" (Salobre, 2008), "Remembranzas" et "Verso a verso" (Salobre, 2017). Nous retrouvons d’ailleurs pour tous les concerts de la tournée le groupe instrumental auquel nous devions les superbes arrangements de "Verso a verso" : trois musiciens de la "nébuleuse" "Camerata Flamenco Project" — Pablo Suárez (piano), Josemi Garzón (contrebasse), Karo Sampela (batterie et percussions) —, les guitaristes Salvador Gutiérrez et Eduardo Espín Pacheco, les choristes Ana María González et Rosario Amador et la bailaora Vanesa Aibar. Du solo au groupe au complet, la géométrie variable de leurs interventions est un festin musical permanent.

Comme son ami Enrique Morente, auquel elle rend hommage par les reprises d’"Amores" et de "La leyenda del tiempo", Carmen Linares a adapté, depuis ses débuts discographiques, de nombreux chefs-d’œuvre de la poésie espagnole du XXe siècle (Antonio Machado por tango et siguiriya dès 1984). Aussi ce double album en est-il également un florilège : Antonio Machado ("Amores"), Miguel Hernández ("Andaluces de Jaén" por folia, petenera et taranta abandolada, "Casida del sediento"), Federico García Lorca ("La leyenda del tiempo", "Arbolé, arbolé" por soleá et bambera, “Baladilla de los tres ríos" et deux de ses "Canciones españolas antiguas" : "Zorongo", "¡ Anda jaleo !"), Rafael Alberti ("Se equivocó la paloma"), Juan Ramón Jiménez ("Con tu voz", "Moguer" por fandango de Huelva). Il convient d’y ajouter quelques auteurs-compositeurs-interprètes qui ne leur cèdent en rien quant à la qualité de l’écriture : Joan Manuel Serrat ("La Saeta"), Luis Pastor ("Canción de la vendimia" por tanguillo et alegría) et Violeta Parra ("Gracias a la vida", final por bulería). Deux plages témoignent de la permanence d’une canción andaluza (ou española) proche parente du cante : "La Zarzamora" (Quintero, León y Quiroga, 1946) et "Quiero tu nombre olvidar" (Vainica Doble, 2000). En duos ou trios chant / guitare, des cantes emblématiques du répertoire de Carmen Linares complètent le programme : granaína de Tía Marina Habichuela avec Pepe Habichuela ; taranta de Linares et cartagenera avec Rafael Riqueni ; tangos del Sacromonte et cantiñas avec Salvador Gutiérrez et Eduardo Espín Pacheco ; soleares de La Serneta et Joaquín "el de La Paula" avec Miguel Ángel Cortés (mano a mano avec Marina Heredia : soleares de Triana et d’Alcalá) ; malagueñas de Niño de Marchena et de La Trini avec, respectivement, Salvador Gutiérrez et Eduardo Espín Pacheco (mano a mano avec Juan Antonio Valderrama). Enfin, a cappella, des tonás (sur "Con tu voz" de Miguel Hernández) et une nana précédée d’une Canço de Bressol (berceuse catalane) dans une admirable interprétation de María del Mar Bonet.

Pour une fois, nous nous abstiendrons d’analyses détaillées, d’une part parce que vous pourrez les trouver dans nos articles précédents (cf. les critiques auxquelles nous renvoyons ci-dessus et les liens ci-dessous), d’autre part parce que, outre l’intégralité des letras, le livre joint aux deux CDs propose un bref guide d’audition pour chaque pièce — c’est dire si se procurer l’objet est indispensable (téléchargement déconseillé).

Nous écrivions à propos de "Remembranzas" : "Si sa voix a perdu un peu (très peu...) de sa souplesse au fil du temps, la cantaora n’ a par contre pas cessé de gagner en intelligence musicale et en expressivité, celle-ci encore accentuée par l’ émotion palpable du concert public." Une décennie plus tard, "40 años de Flamenco" ne peut que confirmer ce commentaire. L’accompagnement en trio jazzy de quelques pièces nous y encourageant, risquons une analogie : cet album pourrait être à la discographie de Carmen Linares ce que les enregistrements en combo des années 1952-1957 sont à celle de Billie Holiday (profitons de l’occasion pour vous conseiller, s’il est encore disponible, le coffret "Billie Holiday. The Complete Small Group Studio Sessions" — Marsterworks Series Original Albums, 2013).

Pour notre galerie sonore, nous avons choisi à dessein quelques duos qui nous semblent démontrer que le chant "por lo flamenco", surtout quand il s’agit de celui de Carment Linares, peut enrichir émotionnellement toutes sortes de répertoires et donner une réplique harmonieuse à des styles vocaux qui pourraient à première vue lui sembler étrangers — deux exception toutefois, pour "Moguer", que nos chérissons particulièrement ; pour "Andaluces de Jaén", son interprétation vocale poignante à la limite de la rupture et son arrangement lumineux pour deux guitares et piano qui pourrait donner matière à une pièce instrumentale

Inutile d’ajouter que "40 años de Flamenco" est un disque indispensable à toute discothèque qui se respecte, flamenca ou non. Mais nous l’ajoutons tout de même...

Claude Worms

Photo : Pablo Sánchez

A lire et écouter sur Flamencoweb :

La discographie de Carmen Linares. Première partie

La discographie de Carmen Linares. Deuxième partie

La discographie de Carmen Linares. Troisième partie

Entretien avec Carmen Linares, 2008

NB : se pueden leer las traducciones por Maguy Naïmi de los cuatro artículos en nuestro apartado "Todo en español / Investigación" :

La discografía de Carmen Linares. 1ra. parte

La discografía de Carmen Linares. 2da. parte

La discografía de Carmen Linares. 3ra. parte

Entrevista a Carmen Linares, 2008

Galerie sonore :

"Se equivocó la paloma"
Carmen Linares & Martirio/40 años de Flamenco (En Directo) (2024)

"Se equivocó la paloma" (texte : Rafael Alberti / musique : Carlos Guastavino) — chant : Martirio et Carmen Linares / piano : Pablo Suárez / guitare : Salvador Gutiérrez et Eduardo Espín Pacheco / batterie : Karo Sampela.

"Casida del sediento"
Carmen Linares & Sílvia Pérez Cruz/40 años de Flamenco (En Directo) (2024)

"Casida del sediento" (texte : Miguel Hernández / musique : Luis Pastor) — chant : Silvia Pérez Cruz et Carmen Linares / piano : Pablo Suárez / contrebasse : Josemi Garzón / percussions : Dani Suárez.

Cançó de Bressol et Nana
Carmen Linares & María del Mar Bonet/40 años de Flamenco (En Directo) (2024)

"Cançó de Bressol y Nana" (textes et musiques traditionnels) — chant : María del Mar Bonet et Carmen Linares.

"Gracias a la vida"
Carmen Linares & Luz Casal/40 años de Flamenco (En Directo) (2024)

"Gracias a la vida" (texte et musique : Violeta Parra) — chant : Luz Cazal et Carmen Linares / piano : Pablo Suárez / contrebasse : Josemi Garzón / batterie : Karo Samplela / guitare : Salvador Gutiérrez et Eduardo Espín Pacheco / chœurs : Ana María González et Rosario Amador.

"Moguer"
Carmen Linares & Arcángel/40 años de Flamenco (En Directo) (2024)

"Moguer" ( textes : traditionnels et Juan Ramón Jiménez / musique : fandangos de La Conejilla, Paco Toronjo et Juan María Blanco et fandango original composé par Juan Carlos Romero) — chant : Árcangel et Carmen Linares / guitares : Salvador Gutiérrez et Eduardo Espín Pacheco / chœurs : Ana María González et Rosario Amador.

"Andaluces de Jaén"
Carmen Linares/40 años de Flamenco (En Directo) (2024)

"Andaluces de Jaén" (texte : Miguel Hernández) — chant : Carmen Linares / guitares : Salvador Gutiérrez et Eduardo Espín Pacheco / piano : Pablo Suárez.

Outre un quarantième anniversaire fêté comme il se doit, Carmen Linares et Esperanza Fernández ont en commun leur admiration pour Enrique Morente — peut-être aussi pour Violeta Parra, dont la seconde cite "Gracias a la vida" dans son prologue. 2024 marque aussi le trentième anniversaire de sa présentation par son illustre aîné lors de la Biennale de Séville à l’occasion du spectacle "A oscuras" (2 octobre 1994) — elle avait alors trente-deux ans, sa carrière était déjà bien avancée, mais cette prestigieuse "alternativa" la lança définitivement.

Cependant, contrairement à "40 años en el Flamenco", "Sevilla 40.0" n’est pas une rétrospective. Esperanza Fernández y revient plutôt sur la bande sonore de son enfance et de son adolescence, avec tendresse mais sans nostalgie tant les arrangements sont bien dans le ton d’une musique flamenca des plus actuelle. C’est dire qu’il s’agit aussi d’un hommage à Séville, avec de délicieux et inévitables chromos (cf. les photos du livret dont nous n’avons pu découvrir l’auteur(e)) mais aussi des souvenirs plus intimes (cf. les deux belles chansons de María Carrasco, "Sevilla, contigo" et "De plata y oro", qui encadrent le programme) : "Con la luna encendida por la calle Pureza, se pasea una virgen que te hechiza las penas, se adormece en el puente y a Triana le sueña. / Maestranza y mantilla, piñonate y almendra con esencia de Sevilla. Mis recuerdos de niña juegan por los rincones con su magia escondida. / A veces, siento que cuando me pierdo en el ayer te paseo, te recorro los sentidos. Revivo contigo y bailo en un abril que me sabe tanto a ti, a tu gente, a tu pellizco y a tu abrigo. Revivo contigo. / Compañera de vida, heredera del duende, hija de Andalucía si tu calles hablaran, bajarían las estrellas pa’ cantarte una nana." ("Sevilla contigo").

On ne trouvera donc dans cet album que deux pièces "flamencas" au sens strict — du moins selon les critères usuels des aficionados, mais non des nôtres —, deux séries de tangos pour lesquels Esperanza Fernández était réputée dès ses débuts. D’une part des tangos de Triana, ou plutôt de la casa puisqu’elle en a hérité le phrasé, sinon les modèles mélodiques, de son père Curro Fernández ("De Triana al mundo") : elle les avait déjà enregistrés à plusieurs reprises, mais jamais encore sur une insistante clave de cumbia (retour à l’envoyeur américain en quelque sorte) avec la complicité de Josemi Carmona (guitare et basse), Javier Colina (accordéon), Juan Carmona (percussions) et Dani Bonilla (chœurs). D’autre part, "Morenteando" est un medley des hits d’Enrique Morente por tango, avec logiquement la voix légèrement rockera de Soleá Morente et les guitares de deux Habichuelas historiques, Pepe et son fils Josemi (percussions de Jorge "el Cubano" en sus). Dans l’ordre de la série : "La Lola canta saeta...", "Debajo de esta farola...", "Tienes la cara...", "Aunque es de noche...", "No te pude ver...", "Como canta el alba..." et "Porque a vida, la vida es, qué mala es...", soit une anthologie de 1982 à 1998 (albums "Sacromonte", "Cruz y luna", "En la Casa Museo de Federico García Lorca " et "Morente-Lorca"). Avec son humilité coutumière, Enrique Morente aurait déclaré à Esperanza Fernández qu’elle les chantait mieux que lui ; c’est dire...

Intitulé "Mis principios" (on ne saurait être plus claire), l’autre très bel hommage du disque est rendu à Lole y Manuel : une suite constituée d’extraits de trois canciones por bulería emblématiques, "Romero verde", "El río de mi Sevilla" et "Todo es de color" accompagnée de main de maître par José del Tomate (guitare) et Paco Vega (percussions) — respectivement, albums "Lole y Manuel", 1977 et "Nuevo día", 1975. Le reste du programme est constitué de chansons, toutes dans des interprétations et des arrangements de grande classe : "Mujer", une composition originale de Dani Bonilla ; "Entre sobras y sobras me faltas", d’Enrique Orozco (album "Avionica", 2020) ; "El lerele", signé Currito y Monreal, qui fut l’un des premiers hits de Lola Flores ; l’hymne tsigane "Gelem, gelem" de Žarko Jovanović, dans une version hiératique très différente de celle qu’avait enregistrée Esperanza Fernández pour l’album "Recuerdos" (DiscMedi Blau, 2007) ; "Aires de la Alameda", classique du groupe Alameda (1979), ici dans un arrangement jazzy de toute beauté du trio formé par Dorantes (piano), Pablo Martín Caminero (contrebasse) et Bandolero (percussions).

Esperanza Fernández a toujours su s’entourer de musiciens — en particulier de guitaristes évidemment — hors-pair avec lesquels elle a maintenu une longue collaboration. Dorantes, Pablo Marín Caminero et Javier Colina avaient déjà participé à son premier opus ("Esperanza Fernández", BMG Ariola, 2001), avec les guitaristes Moraíto, Manuel Parrilla, Miguel Ángel Cortés (déjà aussi), Niño Josele et José Fernández. Pour nous en tenir aux guitaristes, suivirent José Antonio Rodríguez, Miguel Ángel Cortés et Paco Fernández ("Recuerdos", DiscMedi Blau, 2007), Eduardo Trassierra, Miguel Ángel Cortés et Salvador Gutiérrez ("Mi voz en tu palabra (canta a Saramago)", DiscMedi Blau, 2013), et (toujours...) Miguel ángel Cortés ("Se prohibe el cante", Air Music, 2021) — ajoutons qu’à ses débuts, El Viejin l’accompagna souvent sur scène, bien qu’elle n’ait malheureusement jamais enregistré avec lui. Pour "Sevilla 40.0", elle a eu l’heureuse idée de faire appel à Josemi Carmona. Nous le savions fin musicien et guitariste très original (écoutez ses deux derniers albums en trio avec Javier Colina et Bandolero : "De cerca" et "Vida" — Universal, 2016 et 2022), nous le découvrons ici également en tant qu’arrangeur et producteur. Il s’acquitte si impecablement de ces deux fonctions qu’il pourrait à bon droit être crédité comme coauteur du disque — cf. dans notre galerie sonore, "Gelem, gelem" (il y assume seul les parties de guitare et la programmation).

Il est évident qu’ Esperanza Fernández est une grande cantaora. Mais elle est plus généralement une styliste du chant parfaitement à son aise dans d’autres répertoires. Rappelons qu’avec l’Orquestra Simfónica de Barcelona I Nacional de Catalunya dirigé par Edmon Colomer, elle avait incarné Candelas dans une version de l’ "Amor brujo" de Manuel de Falla qui fit date (Auvidis Valois, 1996). Elle peut aussi bien se métamorphoser en chanteuse de variétés haut de gamme, genre musical tout aussi respectable, et apposer sa signature vocale inimitable sur des chansons dont nous avons tous les versions originales en mémoire. "Sevilla 40.0" est un disque jubilatoire que nous vous prescrivons sans contre-indications pour vous tenir chaud au cœur et résister à la morosité et aux frimas de l’hiver.

Claude Worms

A lire sur Flamencoweb :

Entretien avec Esperanza Fernández, 2008

Entrevista a Esperanza Fernández, 2008

Photo : Laura León / Archivo fotográfico de la Bienal de Flamenco

Galerie sonore :

"Mis principios"
Esperanza Fernández/Sevilla 40.0 (2024)

"Mis principios" (canciones por bulería de Lole y Manuel) — chant : Esperanza Fernández / guitare : José del Tomate / percussions : Paco Vega / palmas : Dani Bonilla, Jorge "el Cubano", et Miguel Fernández / jaleos : Laura Marchena, Samara Montañez et Dani Bonilla.

"Morenteando "
Esperanza Fernández/Sevilla 40.0 (2024)

"Morenteando" (tangos de Enrique Morente) — chant : Esperanza Fernández et Soleá Morente / guitare : Pepe Habichuela / arrangement et guitare : Josemi Carmona /percussions : Jorge "el Cubano" / palmas : Esperanza Fernández, Dani Bonilla, Jorge "el Cubano" et Miguel Fernández / chœurs et jaleos : Cristina Tovar, Laura Marchena, Samara Montañez et Dani Bonilla.

"Gelem, gelem"
Esperanza Fernández/Sevilla 40.0 (2024)

"Gelem, gelem" — chant : Esperanza Fernández / guitare et programmation : Josemi Carmona.

"Aires de la Alameda"
Esperanza Fernández & Dorantes/Sevilla 40.0 (2024)

"Aires de la Alameda" — chant : Esperanza Fernández / piano : Dorantes / contrebasse : Pablo Martín Caminero / percussions : Bandolero.


"Se equivocó la paloma"
"Casida del sediento"
Cançó de Bressol et Nana
"Gracias a la vida"
"Moguer"
"Andaluces de Jaén"
"Mis principios"
"Morenteando "
"Gelem, gelem"
"Aires de la Alameda"




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