Dans son ouvrage généraliste El cante flamenco (Madrid, Alianza Editorial, 2004), Ángel Álvarez Caballero ne consacre que treize pages à Grenade, sur un total de quatre cent trente-huit : dix pages sur le Concurso de Cante Jondo de 1922 (pages 211 à 220, mais très peu d’informations sur les cantaores locaux, à l’exception de deux pages sur Frasquito Yerbabuena), et trois pages sur Enrique Morente (pages 370 à 372). Pour être équitable, ajoutons trois mots sur le fandango de La Peza (page 78 — en fait une citation d’Arcadio Larrea) et un paragraphe (neuf lignes) mentionnant Estrella Morente, Marina Heredia et, comme par inadvertance, son père Jaime "El Parrón" (page 376)...
Albaicín, calle San Luis, 1936
... Soixante-dix ans plus tôt, Fernando el de Triana (Arte y artistas flamencos, 1935 — réédition : Ediciones Demófilo, Fernán Nuñez, 1978) affirmait que "Grenade possède beaucoup de très bons cantes, surtout ceux de La Peza", mais se contentait lui aussi d’un paragraphe (page 271 de la réédition — plus, page suivante, un témoignage sur les fandangos de Güéjar Sierra)) vantant les mérites d’éminents spécialistes de "[...] la granadina chica, celle qui logiquement devrait être nommée media granadina, qui, bien qu’elle ne soit pas aussi compliquée que les autres cantes, est d’une vaillance telle qu’il faut de grands poumons pour la chanter : El Calabacino, Paco "el del Gas", Terejinguero et, le meilleur, Frasquito Yerbagüena." (traductions de l’auteur de cet article).
S’agit-il d’un effet collatéral, délibéré ou fortuit, de l’obsession des "flamencologues" pour l’axe Séville - Cadix ? Le même constat pourrait en tout cas être fait pour Jaén, Almería (cantes de minas exceptés), Huelva (fandangos exceptés) et dans une moindre mesure, pour Málaga et Cordoue. Il nous semble donc utile de rendre justice au cante granaíno.
Sacromonte
1] Répertoire
Deux groupes de cantes sont particulièrement représentatifs du répertoire spécifique de Grenade :
• d’une part, les fandangos locaux, de la capitale, des Alpujarras ou de la zone côtière, aussi nombreux et variés que ceux des Montes de Málaga ou de la province de Huelva : fandangos del Albaicín, de La Peza, de Güéjar Sierra, de Baza, de Huéscar, de Motril, de Almuñecar, de La Herradura, etc. Beaucoup ont fait l’objet de versions personnelles plus ou moins « flamencas », mais ce sont ceux de l’Albaicín qui ont eu la postérité la plus remarquable, avec les versions de Paco "el del Gas" et surtout de Frasquito Yerbabuena. A leur tour, ces cantes "abandolaos" ont eu une influence directe sur la gestation des granaínas et des medias granaínas (nous n’entrerons pas ici dans les controverses sur ces deux appellations), même si les plus chantées actuellement, à Grenade comme ailleurs, sont des compositions d’Antonio Chacón et de Manuel Vallejo. Notons cependant l’hommage bien mérité rendu à Tía Marina "Habichuela" (Láchar, 1911 - Grenade, 1991) par Carmen Linares, qui lui attribue deux letras : "Será por tu mal vivir..." et "Que doy suspiros al aire..." (cf. "Carmen Linares en antología. La mujer en el cante", 1997)
Miguel Burgos "el Cele" / ? : fandangos de Güéjar Sierra, Quéntar, La Peza et El Rescate
Miguel Rodríguez Garciolo "el Ruso" / Pepe Martínez : fandango de La Herradura / Curro Vega / ? : fandango de Güejar Sierra
Manuel Celestino "Cobitos" / Manuel Cano : rondeña et fandangos de Frasquito Yerbabuena et Paco "el del Gas"
Carmen Linares / Juan Habichuela : granaínas (Tía Marina Habichuela)
Tía Marina Habichuela / África Vázquez "la Pezeña"
• d’autre part, les tangos, majoritairement créés et transmis par les dynasties gitanes du Sacromonte (tangos del Cerro de San Miguel, tangos del Camino ou tangos "paraos", pour nous en tenir aux plus connus), même s’il existe également des tangos de Íllora, de Pinos Puente, etc. Certains, par leurs letras comme par leurs tournures mélodiques, ont une parenté évidente avec les tangos extremeños, et plus encore avec ceux de Málaga (La Pirula, La Repompa). Sans que l’on puisse déterminer leur territoire d’origine, ces tangos ont pu circuler entre ces trois pôles et y donner lieu à de multiples variantes, d’une part du fait des liens familiaux entre les gitans de Grenade et ceux de Málaga, d’autre part parce que les foires aux bestiaux annuelles d’Estrémadure étaient fréquentées par tous les clans gitans d’Andalousie qui en profitaient pour négocier des fiançailles et célébrer des mariages.
Juan Cortés "el Canastero" / Rafael Santiago : tangos del Camino
Curro Albaicín, Juanillo Heredia, Toni Maya / Emilio Maya, Antonio "el Cotorrero", Juan Fernández "Vitorines" : tangos del Cerro
Dolores "la Porrona" / Paco Cortés : tangos de la Volarea
Curro Albaicín / Paco Cortés : tangos del Petaco
Marina et Saraima Heredia / Miguel Ochando : tangos de Pinos Puente et del Camino
Antonio Campos / ? : tangos de Íllora
Zambra del Capitán Juan Amaya, 1890
Quelques chants plus proches du folklore proprement dit méritent d’être mentionnés : les airs à danser inclus dans les représentations scéniques du rituel gitan des noces, les fameuses "zambras", qui étaient déjà l’une des étapes de rigueur des visites touristiques de l’Andalousie dans la seconde moitié du XIX siècle (trois piliers : alboreá, mosca et cachucha) ; des chants de travail ruraux, particulièrement bien conservés dans la province de Grenade (temporeras, cantes de siega, cantes de trilla, etc.).
Zambra de María "la Canastera" : cachucha
Rogelio Peña Moreno et Manuel Ávila : temporeras de Montefrío
2] Cantaoras et cantaores (fin du XIXe siècle et première moitié du XXe siècle)
Frasquito Yerbabuena / Manuel Celestino "Cobitos"
Parmi les artistes nés à Grenade ou dans la province dans la deuxième moitié du XIXe siècle, África Vázquez "La Pezeña" (on ne connaît ni sa date de naissance, ni sa date de décès à La Peza) semble avoir été la première à mener une carrière professionnelle importante. Sa version personnelle du fandango de son village natal et ses interprétations des cartageneras, malagueñas et granaínas en vogue lui valurent de nombreux contrats dans les Cafés cantantes les plus prestigieux de l’époque, à Grenade (Café de la Marina), Málaga (Café Suizo, où elle travailla avec Juan Breva, qui exerça sans doute une influence sur son propre style), Barcelone (Café de La Alegría, Café de La Unión) et surtout Séville (Café del Burrero, Café de Silverio). Sauf découvertes toujours possibles, il semble qu’elle n’ait jamais enregistré, pas plus que d’autres éminents spécialistes et / ou créateurs de malagueñas, de fandangos del Albaicín ou de granaínas de la génération suivante : Francisco Rubio López "Paco el del Gas" (Grenade, 1873 - ?) ; Juan Cortés Campos "Cagachín" (Grenade, 1874 - années 1970), le père de María la Canastera (1913 - 1966, Grenade) qui dirigea l’une des plus célèbres zambras du Sacromonte ; "El Calabacino" (dates inconnues, né à Málaga et mort à Grenade) ; Antonio "El Tejeringuero" (Grenade, dates inconnues) ; Francisco Gálvez Gómez "Frasquito Yerbabuena" (Grenade, 1883 - 1944) ; María Fajardo "La Gazpacha", connue aussi pour ses saetas et ses zarabandillas (Grenade, 1903 - 1961). Pour avoir une idée de leur répertoire, il faut donc recourir à des enregistrements postérieurs. Pour les fandangos de Frasquito Yerbabuena, nous disposons des versions de Manuel Celestino Cobos "Cobitos" (Jerez, 1896, - Grenade, 1986) : installé à Grenade à partir de 1921, il a été l’ami intime de Frasquito Yerbabuena dont il nous a transmis les compositions, mais également les soleares de Antonio Silva el Portugués ou les malagueñas de La Trini. Son presque contemporain, Manuel Ávila Rodríguez "Manuel Ávila" (Montefrío, 1912, – Grenade, 1993), disciple d’Antonio Chacón et plus encore de Cayetano Muriel "Niño de Cabra", fut également l’un des grands interprètes de "cantes libres" (granaínas, malagueñas, tarantas, mineras et cartageneras essentiellement) dont nous sommes redevables à Grenade.
Bien que cultivant eux aussi les cantes autochtones, deux artistes nés à la fin du XIXe siècle ont, comme Cobitos, marqué l’évolution locale des soleares et des siguiriyas par l’originalité de leur style. Juan Moreno Maya "Juanillo el Gitano" (Grenade, 1899 - 1969) nous a légué des versions personnelles de soleares de Joaquín "el de la Paula", Merced "la Serneta" et Antonio Frijones et des siguiriyas de Diego "el Marrurro", essentiellement en allongeant la durée et en élargissant l’ambitus vocal de leurs tercios. On peut créditer José Martín Berrio "Pepe el de Jun" (Jun, 1893 - fin des années 1970) de la composition d’une soleá apolá. Les deux ont en tout cas fortement contribué à fonder à Grenade une école de cante durable por soleá et por siguiriya, poursuivie par Victorino Campos Fernández "Victorino de los Pinos" (Pinos Puente,1930 - 2010). Nous devons à la Peña La Platería les rares archives sonores restituant leurs cantes : un disque consacré à Juanillo "el Gitano" et une anthologie conservant deux cantes de Pepe "el de Jun", des fandangos de Güéjar Sierra et sa soleá apolá.
Juan Cortés "el Canastero" / Rafael Santiago : malagueña del Calabacino
Juanillo "el Gitano" / Manuel Martín Liñan : soleares
Pepe "el de Jun" / ? : soleares apolás personnelles
Victorino de los Pinos / Ramón de Algeciras : siguiriyas
María "la Canastera" et Juanillo "el Gitano"
3] Cantaoras et cantaores (seconde moitié du XXe siècle)
Nous ne reviendrons pas ici sur l’importance, pour le flamenco et bien au-delà, de l’œuvre d’Enrique Morente, à laquelle nous avons consacré un article spécifique — cf. "Enrique Morente, compositeur contemporain". Il aura cependant aussi contribué, bien involontairement, à occulter la valeur d’autres cantaores nés à Grenade dans les années 1940 - 1950.
La mort prématurée d’Antonio Cuevas Torres "el Piki" (Grenade, 1945 – Madrid,1980) nous a privé du talent de l’un des artistes les plus originaux de cette génération. Son engagement politique explique sans doute son décès : selon l’enquête de la police, il aurait été renversé par une voiture, un "accident" opportun bien suspect. Sa collaboration à la création du fameux "Camelamos naquerar" de Mario Maya en 1976 et surtout son "Homenaje a Blas Infante" (1977), digne pendant de l’ "Homenaje flamenco a Miguel Hernández" d’Enrique Morente (1971), suffisent à prendre la mesure de cette perte.
Beaucoup d’autres artistes de cette génération, la plupart fort heureusement toujours en activité, méritent d’être écoutés avec attention.
• Francisco Andrés Andrés "Curro Andrés" (1944, Güéjar Sierra),
• José Carmona Cortés "Chocolate de Graná" (Santa Fe, 1945 – 1986),
• Juan Antonio Amaya Cortés "Toni Maya" (Grenade, 1947 - 2010),
• Francisco Guardia Contreras "Curro Albaicín" (Grenade, 1948). Nous lui devons un ouvrage très documenté les traditions musicales et familiales du Sacromonte,
• Luis Heredia Fernández "el Polaco" (Grenade,1950), l’une des figures majeures des festivals andalous des années 1970 – 1980,
• Francisco Fernández Moyano "Paco Moyano" (Alhama de Granada,1951), disciple de Manuel Ávila et l’un des cantaores les plus activement engagés contre le franquisme et les plus menacés par la dictature),
• Mercedes Hidalgo (Atarfe, 1955), dont l’appétence pour la copla ne doit pas faire oublier qu’elle est aussi une remarquable cantaora — ce qui n’échappa pas à Salvador Távora, avec lequel elle collabora pour le spectacle Carmen (1996).
• Manuel Lorente (Vélez de Benaudalla, 1956), anthropologue et cantaor. L’un n’empêche pas l’autre, pas plus que la rédaction d’une thèse sur les "Estructura, sistema y metaestructura del flamenco en Granada" (Universidad de Granada, 1998) n’est contradictoire avec l’enregistrement d’un disque de cante parfaitement orthodoxe ("Decante flamenco", 2003).
Antonio Gómez "el Colorao"
Antonio Gómez García "El Colorao" (Grenade, 1951) et Jaime Heredia Maya "el Parrón" (Grenade, 1955) sont incontestablement les deux grands doyens actuels du cante classique de Grenade. Le premier est à notre avis un véritable maître du cante traditionnel, inexplicablement et injustement sous-estimé hors de sa ville natale. Il suffit pour s’en convaincre d’écouter l’album "Mis raíces" (2000), qui devrait figurer parmi les disques de chevet de tout amateur de chant flamenco. Jaime "El Parrón" a attendu jusqu’à 2016 pour enregistrer un premier album, "Carbón de fragua", qui confirme sa réputation d’éminent spécialiste des cantes por soleá, siguiriya, tango et bulería. Guillermo Campos Jiménez "Morenito de Íllora" (Íllora,1965) est un autre artiste qui gagnerait à être plus connu. Son relatif anonymat s’explique sans doute par sa carrière quasi exclusive de cantaor "pa’trás" — entre autres avec Manuela Carrasco, Mariquilla, Antonio Canales et Joaquín Cortés. Dans un style à l’évidence très influencé par Camarón de La Isla, il excelle notamment dans les tangos et les bulerías. Une orientation festera partagée par Encarnación Amador Fernández "la Nitra" (Grenade, 1974), dont l’album Embrujo (1999), co-signé par le guitariste José Antonio Rodríguez, mêle habilement l’héritage du Sacromonte et la chanson aflamencada.
Jaime "el Parrón"
El Piki : "Tonás de la verde y blanca"
El Polaco / Manuel Silveria : tangos
Paco Moyano / Pedro Escalona et Paco Cortés : malagueña de La Trini et rondeña
Mercedes Hidalgo / Miguel Ochando : granaínas
Antonio "el Colorao" / José María Ortiz : siguiriyas
Jaime "el Parrón" / Luis Mariano : soleares (Juanillo "el Gitano")
Morenito de Íllora / Juan Manuel Cañizares (guitare) / Chano Domínguez (claviers) / Carles Benavent (basses) / Ramón "el Portugués" (percussions) : tangos
Marina Heredia — photo : Paco Manzano
4] Épilogue
Parmi les cantaoras et cantaores nés dans les années 1970 - 1980, figurent évidemment les trois héritiers d’Enrique Morente : Estrella de la Aurora Morente Carbonell "Estrella Morente" (Grenade, 1980), qui semble vouloir orienter sa carrière vers la variété andalouse haut de gamme, María Soledad Morente Carbonell "Soleá Morente" (Grenade, 1985), d’orientation plus "rockera", et José Enrique Morente "Kiki Morente" (Grenade, 1989), le plus fidèle au legs paternel. L’une des grandes cantaoras actuelles, Marina Heredia Ríos "Marina Heredia" (Grenade, 1980), perpétue pour sa part la saga des Maya du Sacromonte, dont son père, Jaime "el Parrón". Journaliste, écrivain et cantaor, Juan Pinilla Martín "Juan Pinilla" (Huétor Tájar, 1981) entretient avec détermination la veine politiquement engagée de Paco Moyano — cf. le livre-disque "Las voces que no callaron. Flamenco y revolución" (2011).
Gema Caballero — photo : Beatrix Molnar
Mais ces quelques noms sont loin d’épuiser la richesse du cante granaíno actuel. C’est que les jeunes artistes y disposent d’un environnement culturel particulièrement propice à l’éclosion des talents des "músicos de flamenco", selon l’heureuse expression de Norberto Torres Cortés, c’est-à-dire de cantaores-musiciens qui bénéficient non seulement d’une transmission orale toujours bien vivante et de l’exemple toujours actuel d’Enrique Morente, mais aussi d’une formations académique qui n’empêche ni la spontanéité ni l’originalité — au Conservatoire Supérieur de Musique Victoria Eugenia ou à l’école de Carmen de las Cuevas par exemple. La consolidation de leur carrière fait l’objet des soins attentifs du Département d’Action Culturelle de la Diputación de Granada et notamment des cycles "Flamenco y Cultura". C’est dire que toutes et tous disposent d’une solide technique vocale, d’une connaissance encyclopédique du répertoire traditionnel, d’une grande capacité à travailler avec des musiciens venus d’autres disciplines et d’une précoce expérience pratique de la scène — le même constat pourrait être fait pour les guitaristes. Le résultat est on ne peut plus probant : citons, entre autres, Antonio Fernández (Grenade, 1971), Antonio Campos (Tarragone, 1972 — il vit à Atarfe depuis sa petite enfance), Gema Caballero (Grenade, 1979), Alfredo Tejada (Málaga, 1979 — granaíno d’adoption depuis ses douze ans), Esther Crisol (Grenade, 1979), Alicia Morales (Grenade, 1981), Sergio Gómez "el Colorao" (Grenade, 1985) et Ana Mochón (Grenade, 1994).
Estrella Morente / Alfredo Lagos : sevillanas
Soleá Morente : tangos (Enrique Morente)
Kiki Morente / Juan Carlos Romero : fandangos de Huelva (versions Enrique Morente)
Marina Heredia / José Quevedo "Bolita" : siguiriyas (El Marruro, Paco La Luz)
Juan Pinilla / David Caro : "Revolución" (tangos sur un texte de Fernando Valverde)
Antonio Fernández / Jorge Gómez : malagueña de La Peñaranda)
Alfredo Tejada / Patrocino Hijo : soleares (extrait)
Esther Crisol / José Fernández Hijo (guitare) / Esther Crisol (violon) : granaínas de Tía Marina Habichuela et Manuel González López "Guerrita"
Gema Caballero / Javier Patino : romance et panaderas
Sergio Gómez "el Colorao" : "Nana de los Pinares"
Claude Worms
Joss Rodríguez : "Una mirada fotográfica hacia el flamenco de Granada"
Bibliographie
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CONDE GONZÁLEZ-CARRASCOSA, Antonio, De Graná, granaínas, Granada, Publicaciones Diputación de Granada, 2018.
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