Jacques Maigne : "Flamenco en flammes"

Avec la collaboration de Patrick Bellito et de Pepe Linares

mercredi 3 février 2010 par Maguy Naïmi

Editions Atelier B A I E / 223 pages

Traduction du français en espagnol : José Miguel González Marcen

Photographies : Stéphane Barbier, Luis Castilla, Antoine Chosson, Jean Louis Duzert, Michel Glaise, Derek Hudson, René Robert, Pascal Vecchi.

Collection Pepe Linares

Musée du Vieux Nîmes

Musée des cultures taurines de Nîmes

« Flamenco en flammes » est un beau livre de photographies accompagnées d’un texte bilingue ( espagnol / français ), qui a le mérite de présenter le flamenco dans tous ses aspects. La liste des photographes et des fonds, au début de l’ouvrage, démontre l’importance de l’image dans le livre. Les nombreuses photos qui le composent nous offrent non seulement des instantanées de spectacles de danse ou de chant sur scène, mais également des réunions informelles, conviviales. Les photos tirées de l’album photos de Pepe Linares, le chanteur le plus emblématique de la ville de Nîmes, ont un parfum d’antan : la Casa de España et ses joueurs de cartes, les dégustations de paellas familiales, les courses de taureaux et les fêtes à La Bodeguita.

Comme nous le rappelle François Noël, directeur du Théâtre, ce livre « est né du Festival de Flamenco de Nîmes, et les textes du préambule « Más allá de las fronteras » ( Au delà des frontières ) sont de deux grands artistes : Antonio Fernández Díaz « Fosforito », de Puente Genil, l’un des plus grands chanteurs du XXè siècle, et Diego Carrasco, artiste iconoclaste de Jerez de la Frontera, qui rappelle que dès sa première promenade dans les rues du centre, il s’est senti tout de suite chez lui. Nîmes est devenue son autre « nid » ( su otro nido » ), Nîmes de la Frontera.

La première partie « Parfum d’Espagne. Mémoire flamenca » ( Perfume de España. Memoria flamenca ) est un rappel historique et géographique des liens qui se sont établis entre Nîmes, aux portes de la Camargue, passionnée de taureaux et de chevaux, et l’Espagne ( L’Andalousie du delta du Guadalquivir en particulier ). Les premières « corridas espagnoles » furent organisées dans la ville en 1863.

L’auteur nous rappelle aussi l’importance des mouvements migratoires (émigration économique ou exil politique ), commencés au début du XIX siècle, et poursuivis dans les années 1930 ; ainsi que le rôle de nombreux républicains espagnols qui, après la défaite de 1939, ont rallié les maquis français, participant ainsi, de façon glorieuse, à l ‘histoire de notre pays ; et le rôle de tous ces émigrés ( « éxilés économiques » ) qui, par leur travail, ont contribué à la prospérité de notre pays. Les années 1950 et 1960 voient de nombreux espagnols en quête d’une meilleure vie, s’installer dans la région (ils sont 15000 en 1962 à s’installer dans le département du Gard ) ; et bien entendu, « l’importante communauté hispanique de Nîmes suscite le passage de plusieurs tournées d’artistes ». Le milieu associatif jouera lui aussi son rôle : « La Casa de España » mais aussi « El Círculo » ( antifranquiste ).

En 1968, sous la houlette d’ Antonio Gutiérrez, Pepe Linares et Andrés Torrecilla, est créé le Centre Andalou de Flamenco. Quatre ans plus tard ce sera l’ouverture d’un festival, puis du premier concours hors d’Espagne, organisé et financé par la mairie.

La deuxième partie « Festival de Nîmes : vingt ans de découverte ( veinte años de descubrimiento ) commence par un kaléidoscope de clichés des artistes en répétition, dans les loges, interwievés, ou tout simplement dans l’ambiance chaleureuse des bars.

Le livre ne dédaigne pas de montrer les coulisses du Festival : l’équipe d’animation du théâtre et les techniciens au travail. Toutes les activités sont photographiées : conférences, cours de danse, ainsi que les loges avec les artistes de Malgama à l’échauffement et au maquillage, et les fiestas improvisées au bar de l’Odéon , ou à la Casa Blanca. Dans cette partie les auteurs relatent la genèse du festival, depuis le premier concours organisé en 1991, qui couronne le guitariste José Luis Montón ( l’année suivante se sera le toulousain Kiko Ruiz qui l’emportera ). En 1993 on ouvrira le concours aux trois disciplines : chant, danse, guitare. Malheureusement, un changement de municipalité met sur la touche le concours, mais « les nouveaux responsables du Théâtre de Nîmes acceptent de reprendre, timidement, le rendez- vous de janvier ». A partir de l’an 2000 le festival qui est organisé sur trois jours va présenter régulièrement tout ce que le monde du flamenco compte de talents.

L’avant-dernière partie « Une ère de plénitude » ( Una era de plenitud ) donne la liste des 340 artistes qui se sont produits à Nîmes en vingt ans de festival. Les photographies qui illustrent cette « ère de plénitude » nous les montrent sur scène : noir et blanc, plus profond, ou couleur , plus brillante, quel que soit le parti pris du photographe, elles traduisent la force qui se dégage de ces artistes : chanteurs(ses), danseurs(ses) et guitaristes (malheureusement, seulement au masculin !!!). Nous avons été particulièrement émus par la force de Tomás Perrate et l’expressivité de Calixto Sánchez, tous deux émergeant de l’ombre, dans un noir et blanc somptueux qui nous fait apprécier le poing de Tomás et sa bouche grande ouverte tournée vers le ciel, et les mains tendues de Calixto, doigts écartés qui semblent guider sa voix vers le public, sortie de sa bouche entrouverte.

La dernière partie « Viaje en las fuentes del flamenco » ( voyage aux sources du Flamenco ) montre le périple photographique de Derek Hudson, parti de La Unión, pour arriver à Jerez, en passant par Almería, Grenade, Cordoue, Séville et Cadix. Dans les photos prises au quartier « Tres mil viviendas » à Séville, ou à Almería ( El Huercal, la Chanca ), nous sommes loin des feux de la rampe, mais dans des intérieurs pauvres et des extérieurs de banlieues particulièrement défavorisées. A Séville on croise Juana Amaya et son école de danse, Manuel Molina dans une bodega du XIX siècle, « El Fiti » ; on s’introduit subrepticement dans le cours de Matile Coral où les danseuses se forment à l’exercice périlleux de la bata de cola. On y voit une Matilde Coral pleine de vitalité, mais le livre se termine sur une note plus triste, un pèlerinage au cimetière de la Isla San Fernando, où se trouve la sépulture de José Monge Cruz «  Camarón de la Isla »

Maguy Naïmi

Les personnes désirant se procurer cet ouvrage, pourront le faire dans les librairies de Nîmes. Pour ceux qui n’ont pas la chance d’habiter cette ville, nous communiquons deux adresses utiles, celle de l’éditeur et du Théâtre de Nîmes :

Atelier B A I E

Théâtre de Nîmes





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