dimanche 14 juillet 2019 par Claude Worms
El Turronero / guitares : Paco Cepero et Enrique de Melchor - LP Ariola 82.185-H, 1973.
Bien qu’il soit né à Vejer de la Frontera, on peut rattacher le style de Manuel Mancheño Peña "El turronero" (1947-200§) au cante de Utrera, ville à laquelle il est rattaché par des liens familiaux (les Peña...) - il a appris l’essentiel de son répertoire traditionnel en écoutant María "la Perrata", José "el Perrate", Fernanda et Bernarda de Utrera et Manuel de Angustias. Comme son contemporain "El Lebrijano", formé à la même école, il a surtout imprimé un dynamisme rythmique très personnel aux cantes a compás, notamment aux soleares, tangos, cantiñas et bulerías. Le titre de son premier album, "Y primero el compás" (Tip, 1970), est de ce point de vue une sorte de profession de foi.
Son engagement dans la troupe d’Antonio Gades, puis au tablao madrilène "Torres bermejas", où il fut le collègue de Camarón de la Isla qui devint un ami proche, lancèrent définitivement sa carrière. Paco Cepero, son guitariste attitré, composa alors pour lui des canciones por tango et por bulería dans le style de ce qu’il créait à l’époque pour Chiquetete ou Juan Villar. Le tango "Me toco perder" et d’improbables "Turroneras", une tentative de cante personnel a compás de jaleo, ("Huele a romero" - LP BASF, 1975) lui assurèrent le succès populaire et une présence soutenue dans les programmations des festivals andalous des années 1970-1980. Suivit une production discographique abondante mais inégale, qu’il tenta de relancer par deux ultimes albums à la fin de sa carrière, prématurément écourtée par la maladie - le premier de sevillanas ("A mi pare Manué" - Senador, 1989) ; le second de tanguillos ("Desde Caí" - Kiridis, 1991).
Produit par le poète et "flamencologue" José Manuel Caballero Bonald, "Cantes viejos. Temas Nuevos" (Ariola, 1973) reste à notre avis son meilleur disque. Les textes, signés par Caballero Bonald, sont bien dans l’air du temps, marqués par l’engagement politique que nombre de jeunes artistes professaient dans les dernières années du franquisme et les débuts de la "transition démocratique" : Manuel Gerena, Paco Moyano, Luis Marín, Enrique Morente, José Menese, Carlos Cruz etc. (Mi cante por ser sencillo. Paco Moyano. Luis Marín / Entrevista a Paco Moyano). Le titre de l’album est d’ailleurs un quasi plagiat de celui qu’avait enregistré José Menese trois ans plus tôt, sur des poèmes de José María Moreno Galván ("Renuevos de cantes viejos" - RCA, 1970). Pour eux comme pour leur public étudiant, le flamenco devait être une sorte de "protest song" andalou - textes "engagés" et, pour la musique, "racines populaires". Caballero Bonald venait d’ailleurs d’œuvrer en ce sens par la réalisation d’enregistrements de terrain (plus ou moins...) regroupés dans les six LPs de l’"Archivo del cante flamenco" (Vergara, 1968), et allait publier un livre prônant un tel retour aux sources ("Luces y sombras del flamenco", 1975 - réédition : Fundación José Manuel Lara, 2006, 346 pages).
Claude Worms
Report digital réalisé par Patrice Champarou
Programme du disque
Chant : El Turronero / guitare : Paco Cepero et Enrique de Melchor (romeras et mirabrás, tangos, verdiales)
"Por dentro la quemazón" - soleares (Joaquín de la Paula / La Serneta)
"La noche me la he pasao" - romeras et mirabrás
"Mi prima es escardaora" - tangos
"Pá los pocitos nos bajan" - taranta et minera
"Siete horitas seguidas" - bulerías n°1
"Rayita que apunta" - siguiriyas (El Marrurro / Curro Durse)
"Al empezar la calor" - tientos
"Olivaritos del campo" - bulerías n°2
"Saltan por estos vallaos" - verdiales
"Subí por la vereíta" - bamberas
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