Laura Vital : "Tejiendo lunas" / Arcángel : "Tablao"

dimanche 3 janvier 2016 par Claude Worms

Laura Vital : "Tejiendo lunas" - un CD Music Pendulo, 2015

Arcángel : "Tablao" - un CD Universal Music Spain, 2015

Deux magnifiques hommages au cante flamenco classique, et au-delà aux traditions musicales populaires andalouses.

En dépit d’un essai de jeunesse, d’ailleurs très prometteur ("Cantando junto al mar" - Fonoruz, 1995) et de quelques collaborations, telles "Jóvenes flamencos de la Bienal" (Senador, 2201) et surtout "A mis soledades voy, de mis soledades vengo" (versions flamencas de textes de poètes du Siècle d’Or, avec José Menese, Enrique de Melchor, Eduardo Rebollar et un Orchestre de Chambre dirigé par Joan Albert Amargos - DVD et CD Boa Records, 2005), "Tejiendo lunas" peut être considéré comme l’opus 1 d’une discographie que nous espérons promise à un bel et fécond avenir. Cet enregistrement concrétise en effet au disque le premier projet totalement personnel de Laura Vital, longuement médité et travaillé - elle y faisait déjà allusion lors d’un entretien qu’elle nous avait accordé pendant le Festival Flamenco de Nîmes en janvier 2012 (Entretien avec Laura Vital).

Cette lente et patiente élaboration de l’oeuvre, jointe au talent de la musicienne, est sans doute l’une des clés de sa qualité : on y chercherait en vain la moindre faiblesse ou la moindre faute de goût. Mais le temps de gestation s’explique sans doute aussi par la multiplicité des activités de Laura Vital. Outre ses fonctions de professeur de chant flamenco à la Fondation Cristina Heeren (un cours trimestriel sur les cantes de Cádiz depuis 2003) et au Conservatoire Cristóbal de Morales de Séville (elle y a créé la classe de chant flamenco en 2008, et en est toujours titulaire actuellement), elle dirige une troupe avec laquelle elle produit des spectacles pour le jeune public - et le moins jeune, nous les avons testés - ("Flamenco School Musical" - Bienal de Arte Flamenco de Sevilla, 2010 ; "Flamenco Land" - Festival Flamenco de Mont-de-Marsan, 2010). Ce qui ne l’empêche d’ailleurs pas de participer à d’autres projets de grand intérêt, telles "Pastora divina", en hommage à La Niña de los Peines (avec l’actrice Susi González et le guitariste Eduardo Rebollar - Turdetania Teatro, Séville, 2012), ou "Convivencias" (avec Rocío Márquez, Niño de Elche et Manolo Franco - Festival Flamenco de Nîmes, 2012), qui infligea un cinglant mais brillant démenti à notre antique conviction, selon laquelle le cante s’accommoderait mal d’une véritable polyphonie vocale (Nîmes : Festival Flamenco 2012).

Le "tissage" promis par le titre fait vraisemblablement allusion à la fraternisation musicale opérée sur trois plages du disque entre le chant flamenco et d’autres traditions populaires du bassin méditerranéen. Ce qui ne signifie pas "fusion". A aucun moment Laura Vital n’essaye d’annexer au flamenco les compositions "étrangères" qu’elle a soigneusement choisies en fonction de leur parenté mélodique et / ou rythmique avec tel ou tel cante, et évidemment des émotions identiques qu’elles éprouve à les chanter. Pour deux pièces, elles encadrent un cante traditionnel, dont elles constituent l’introduction et la coda : un chant de la tradition des Roms des Balkans pour des Tangos de Granada ("Tejiendo lunas" - belles parties de violon de Jamal Ouassini), et une Moashara - ou Muwashshah, ou Moaxaja (il s’agit d’une forme poétique constitutive de l’un des mouvements des Noubas arabo-andalouses, essentiellement pour les répertoires marocain et tunisien) - pour des Soleares de Triana ("Espejito de cristal"). La continuité musicale est d’autant plus remarquable que Laura Vital chante ces oeuvres dans leur langue originale, et qu’elle prend grand soin d’en respecter l’esprit comme la lettre, et donc de ne pas utiliser les tournures vocales et l’ornementation propres au chant flamenco - encore faut-il avoir les moyens vocaux et l’intuition musicale nécessaires... Le périple méditerranéen est complété par "Balamo", une chanson de l’auteur-compositeur grec Dionisis Tsaknis inspirée du folklore tsigane, et popularisée en Espagne par la bande sonore du film "Vengo", de Tony Gatlif, sous le titre "La canción de los gitanos". La version très sobre et intériorisée de Laura Vital, là encore fort heureusement dans la langue originale, nous semble bien préférable. Son climat poignant doit aussi beaucoup au remarquable accompagnement de Sócrates Mastrodimos (guitariste classique grec passé à la guitare flamenca, que nous avons découvert à cette occasion) et aux contrechants du ney de Stavros Pazarentsis, secondés par Arsenis Nasis (percussions) et Andreas Kostopoulos (basse).

Le reste du programme est constitué d’un florilège de cantes traditionnels, accompagnés par la fine fleur du toque sevillano (Niño de Pura, Manolo Franco, Rafael Riqueni et Eduardo Rebollar, le guitariste habituel de la cantaora, et l’un des maîtres actuels de l’accompagnement du cante), l’excellent percussionniste David Chupete et des "palmeros de lujo" pour les "cantes festeros" (Carmen Ledesma, Nano de Jerez, Chicharito de Jerez et Gregorio Fernández). Paroliers de luxe aussi, les letras étant toutes originales, à l’exception de celle de la Malagueña del Mellizo : José María Velázquez-Gaztelu (qui signe aussi le texte du livret), Manuel Márquez de Villamanrique, Miguel Escobar, Juan B. Herranz Quintero, Eduardo Domínguez Lobato, José Luis Rodríguez Ojeda... et Laura Vital elle-même. La diversité des auteurs assure une palette variée de styles et d’atmosphères, que l’on pourra d’autant mieux apprécier que les textes sont reproduits dans le livret.

Si nous devions choisir un seul mot pour définir le style de Laura Vital, nous choisirions la sérénité : celle d’une chanteuse sûre de ses moyens vocaux, et plus encore celle d’une musicienne qui sait exactement ce qu’elle veut faire, et comment le faire. Pas de démonstrations ni d’effets gratuits, pas de tenues interminables, d’ornementation foisonnante ou de débauche de puissance tonitruante. Parce que ce serait inutile. Un soutien vocal exceptionnel sur tout le registre, qui permet de sculpter des lignes vocales d’une totale limpidité, sans la moindre approximation dans l’attaque des notes quels que soient les périls de certains sauts d’intervalle, les remplace très avantageusement. Les tercios sont liés ou ponctués de brefs silences selon ce qu’exige leur logique mélodique ; et l’exactitude du placement de chaque mot, voire de chaque syllabe, dans le flux rythmique suffit à elle seule à dynamiser chaque modèle mélodique - une leçon qu’elle a peut-être apprise de La Niña de los Peines. Les choix de tempo obéissent aux mêmes impératifs musicaux : entre autres exemples, l’andante majestueux des Soleares alfareras suffirait en lui-même à caractériser le genre - surtout lorsqu’il est innervé par la guitare d’Eduardo Rebollar.

Dès lors, l’émotion naît et se communique par la beauté de la musique, sans qu’il soit besoin de sortir l’artillerie lourde des postures expressionnistes pour simuler l’irruption du duende (si vous êtes surpris ou irrité par cette remarque, écoutez, parmi beaucoup d’autres, Juan Mojama ou Tomás Pavón). A l’audition du disque, l’auditeur est non seulement ému, mais aussi plus intelligent, tant chaque chant est éclairé de l’intérieur et devient d’une lumineuse évidence - pour une fois, nous pouvons entendre mentalement, et garder en mémoire, la totalité de l’arc mélodique des "cantes libres", au lieu de n’en mémoriser que telle ou telle période spectaculaire (Malagueña del Mellizo ; Granaína et Media Granaína, dont la version de ce disque nous a rappelé sur ce point celle que La Sallago avait enregistrée naguère avec Isidro Muñoz - les falsetas et les "réponses" de Manolo Franco y sont aussi pour quelque chose...). Osons ici, non une comparaison, mais une analogie : la lecture des Inventions de J.S. Bach par Gustav Leonhardt procure la même sensation d’évidence et le même plaisir (pas seulement intellectuel), le contrepoint y semble aussi aisé d’accès que dans "Telarañas" la construction mélodique de la Toná chère à Rafael Romero ("No te rebeles serrana...") ou de la Debla de Tomás Pavón ("En el barrio de Triana..."). C’est aussi ce qui rend possible et totalement justifié, pour la même pièce, le duo à priori insolite dans ce contexte de la voix et des percussions (David Chupete, avec quelques discrètes incrustations de clavier - Alejandro Cruz Benavides - et une brève coda en rap - Miguel Rodríguez).

L’attention respectueuse portée au texte musical (fût-il oral...), qui détermine l’interprétation vocale, permet de caractériser précisément chaque chant à l’intérieur de sa forme générique : non seulement la Rosa (Laura Vital en est l’une des rares spécialistes, et l’a reconstituée à partir d’une version très incomplète de Ramón Medrano, trop âgé à la date de l’enregistrement) est traitée de manière très différente des Cantiñas de Pastora Pavón qui lui succèdent - "Casa Bigote") ; mais l’on perçoit également nettement les personnalités musicales distinctes de Juana Cruz Castro, María La Sabina, Rosa la Papera et La Perla de Cádiz, appartenant pourtant toutes au champs stylistique restreint des Bulerías de Cádiz ("Mujeres de sal", un très juste et judicieux hommage...). De même, pour les deux pièces d’inspiration plus folklorique ("Despertar", Fandangos de Huelva ; et "La ciencia del querer", Zarabandas), Laura Vital parvient à un équilibre idéal entre l’approche flamenca et les racines populaires, qui ne sont pas effacées sous prétexte de virtuosité vocale - là encore, soulignons la qualité de l’accompagnement, de Niño de Pura cette fois, dont le swing délicat sert parfaitement le dessein de la cantaora. A ce propos, un détour historique sera peut-être utile pour expliquer la présence de ces Zarabandas dans le programme d’un disque de cante flamenco. Cervantes notait déjà qu’il existait de son temps deux types de Zarabanda : une danse de cour, policée et passablement compassée ; une danse populaire, beaucoup plus rythmée et dévergondée, d’ailleurs régulièrement interdite par les autorités ecclésiastiques. Il semble que cette dernière ait perduré en Andalousie jusqu’au XIX siècle, et qu’elle ait alors été proche parente des Fandangos (la Danse Espagnole n°3 d’Enrique Granados est d’ailleurs sous-titrée "Fandango-Zarabanda"). Il est possible qu’elle ait ensuite évolué, comme d’autres Fandangos, vers un type de Malagueña primitive, sur ce que nous nommerions actuellement un rythme "abandolao". C’est en tout cas ce que laisse supposer l’une des deux seules versions "flamencas" existantes, enregistrée en 1912 par une chanteuse de Linares, La Rubia de las Perlas (l’autre version, d’une année antérieure, serait de Niño del Genil. Nous ne l’avons jamais entendue). Laura Vital ressuscite donc cette Zarabanda "flamenca" un siècle plus tard. Enfin, l’album se clôt dans l’intimisme d’une "ida y vuelta" entre répertoires savant et populaire, par les Nanas recueillies et arrangées par Federico García Lorca et Manuel de Falla (duo voix / piano avec Jorge López Lechado).

La tradition cantaora de Sanlúcar de Barrameda compte nombre de grands artistes, spécialistes et créateurs, notamment, de Tonás et de Siguiriyas (Perico Frascola, El Tuerto La Peña, Fernando Ortega "El Mezcle"...) et d’un ample répertoire de Cantiñas (Tío José "El Granaíno", José Vargas Serrano "Pepe Bochoque", Ana María Vargas "María La Mica"...). Sans remonter à cette époque lointaine, le flamenco doit à la ville des musiciens de la qualité de Encarnación Marín "La Sallago", María Vargas, José Vega Ruiz "Pepe Sanlúcar", Esteban Delgado Bernal "Esteban de Sanlúcar", Isidro Muñoz, Manolo Sanlúcar... Avec ce "Tejiendo lunas", Laura Vital s’inscrit "por derecho" dans cette prestigieuse lignée.

Claude Worms

Galerie sonore

Laura Vital : "Telarañas" (Toná, Debla et Siguiriya) - David Chupete (batterie, castagnettes et palmas) ; Alejandro Cruz Benavides (claviers) ; Miguel Rodríguez (rap)

Laura Vital : "La ciencia del querer" (Zarabandas) - Niño de Pura (guitare) ; David Chupete (percussions, castagnettes et palmas)

La Rubia de las Perlas : Zarabanda - Alfonso el Cordobés (guitare), Odeón A 135.290 (1912)

"Telarañas"
"La ciencia del querer"
Zarabanda por La Rubia de las Perlas

Avec "Tablao", Arcángel nous propose un retour aux sources surprenant, après "Quijote de los Sueños" (Sony Music, 2011) et plus encore "Las idas y las vueltas", avec l’ensemble baroque Accademia del Piacere et Miguel Ángel Cortés (Alqhai & Alqhai, 2012) - Las idas y las vueltas. Le titre de l’album fait allusion aux conditions dans lesquelles il a été enregistré : en public, au cours de récitals donnés par le cantaor dans les tablaos El Corral de la Morería (Madrid), El Arenal (Séville) et El Cordobés (Barcelone). Rappelons à ce propos que les tablaos, souvent injustement vilipendés, ont été dans les années 1960 - 1970 l’un des principaux vecteurs de la transmission orale du répertoire entre professionnels (les nuits dans les loges étaient longues...), comme les tournées des troupes d’Ópera Flamenca et les Cafés Cantantes avant eux.

Les versions de quelques grands classiques traditionnels que nous livre Árcangel sont toutes des modèles du genre : respect et humilité (jamais il ne cherche à modifier substantiellement les modèles mélodiques sous prétexte de les "actualiser"), mais aussi un travail en profondeur sur l’articulation rythmique et le phrasé, qui renouvelle l’interprétation d’un répertoire pourtant passablement rebattu... et prouve ainsi une fois de plus son potentiel musical inépuisable - la leçon vaut aussi pour la Malagueña de La Trini, seul "cante libre" du programme, avec un placement original des silences à l’intérieur des tercios qui met admirablement en valeur la délicatesse de leurs courbes mélodiques - le titre énigmatique, "Inacabao", suggère peut-être que cette Malagueña se suffisant à elle-même, elle n’est pas suivie d’un "cante de cierre abandolao".

Pour qui connaît la discographie d’ Árcangel, il va sans dire que la finition vocale de chaque cante est parfaite, ce dont on pourra se convaincre en dégustant, dans l’ordre : des Soleares por Bulería de María la Moreno / Manuel Soto "Sordera", Tomás Pavón et El Sordo la Luz / El Gloria ("El fuego del querer") ; des Alegrías classiques suivies de Cantiñas de La Juanaca et del Pinini et conclues par une coda de La Niña de los Peines ("Al filo de la Alegría") ; une visite guidée de main de maître des hauts lieux de la Bulería, commençant à Málaga (La Repompa) et s’achevant à Cádiz (La Perla de Cádiz) après un détour par les "cortas" et "largas" classiques de Jerez ("Fuenteherida") ; une superbe série de Tangos extremeños d’autant plus swingants qu’Árcangel évite soigneusement les tenues de notes interminables, très tendance ces temps-ci, mais qu’on chercherait en vain chez les maîtres du genre, de Porrina de Badajoz à El Indio Gitano ("En la plaza alta") ; enfin, des Bulerías de Utrera (cante d’Antonia Pozo compris) prises sur le tempo modéré qui leur convient, et accompagnées comme il se doit, selon les usages du toque de Morón, par Dani de Morón qui en respecte scrupuleusement l’esprit mais en détourne très subtilement la lettre.

L’accompagnement, le plus souvent à deux guitares, est conforme à ce que l’on pouvait attendre de Dani de Morón, Miguel Ángel Cortés et Diego del Morao, c’est à dire sans surprise quant à sa qualité, mais pas quant à la tenue des falsetas et des relances, contrechants et autres "réponses" au cante. Pas de percussions, puisque nous sommes dans des tablaos vintage, mais des palmeros émérites qui se chargent aussi de quelques choeurs, pour une fois bien en situation et pas envahissants ni redondants (Carlos Grilo, Diego Montoya, Antonio et Manuel Saavedra. Comme pour le disque de Laura Vital, si les chants sont traditionnels, leurs letras sont par contre toutes originales et reproduites dans le livret - un seul auteur cette fois, Isidro Muñoz.

Pour le volet plus "populaire" du programme, Árcangel puise à deux sources distinctes. D’une part, deux coplas signées Quintero, León et Quiroga : "Azucena", superbement arrangée à partir d’un fil conducteur reposant sur le contraste entre d’incisifs éclats de Bulería instrumentale et un chant volontairement sobre et introverti ; et la fameuse "Niña de fuego", en duo voix / piano façon Manolo Caracol (Jesús Cayuela au piano).

D’autre part, le répertoire folklorique de la province de Huelva, avec naturellement des Fandangos dont Árcangel est un éminent spécialiste ("Alborá"), et de plus rares Seguidillas, proche parentes des Sevillanas, qui accompagnent encore actuellement les festivités associées aux Cruces de Mayo (d’où le titre... "Cruz de Mayo"). Les cinq sections de cette pièce sont déclinées en duo de guitares, chant soliste, et choeur. Comme pour les Fandangos de Huelva, Miguel Ángel Cortés et Dani de Morón s"y livrent à une savoureuse reconstitution du "toque de pulgar" typique de la région (Fernando "El Camisa", Juan Diaz, Bartolomé Cerrejón "El Pinché", Sebastián Martín Franco "Perolino", Ángel de la Señora Pura, Antonio Abad Garfias "Cuchara"...).

Le lancement du disque est naturellement associé à une tournée qui passera par le Festival de Jerez le 5 mars prochain. Nous y serons et nous vous conterons l’affaire.

Claude Worms

Galerie sonore

Arcángel : "Al filo de la Alegría" (Cantiñas) - Dani de Morón et Diego del Morao (guitare) ; Carlos Grilo, Diego Montoya, Antonio Saavedra et Manuel Saavedra (choeurs et palmas)

Arcángel : "El Talavartero" (Bulerías) - Dani de Morón (guitare)

"Al filo de la Alegría"
"El Talavartero"

"Telarañas"
"La ciencia del querer"
"Al filo de la Alegría"
"El Talavartero"
Zarabanda por La Rubia de las Perlas




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