dimanche 8 mai 2011 par Claude Worms
Julian Estrada : "Al aire" - un CD Fods Records (2011)
David Palomar : "La Viña. Cantón independiente" - un CD Bujío (2010)
"La boda" : un CD Agencia Andaluza del Flamenco & Centro Andaluz del Flamenco / série Flamenco y Universidad (2011)
Dans la lignée des « chanteurs à voix », Julian Estrada (Puente Genil, 1968) est l’ un des chaînons manquants entre la génération de Calixto Sánchez, Luis de Córdoba ou El Pele (nés respectivement en 1946, 1950 et 1954) et celle de Miguel Poveda (1973) et Arcángel (1977). Son principal handicap aura sans doute été de commencer sa carrière en pleine fureur « camaronesque », peu propice à son répertoire de prédilection et à son type de vocalité. Ce qui, cependant, ne l’ empêcha pas de glaner une quarantaine de prix dans la plupart des concours andalous les plus importants.
Ses deux précédents albums (« Reflejo de luna y sal » - Fods, 1999 ; « Donde queda el puente » - Flamenco en el Foro, 2006), malgré leur incontestable qualité, sont passés à peu près inaperçus, du moins au nord de Despeñaperros. « Al aire » devrait permettre à son auteur d’ être enfin reconnu à sa juste valeur, d’ autant plus que le programme est essentiellement composés de formes dérivées des Fandangos, l’ un des points forts du cantaor. On ne s’ étonnera donc pas qu’ il nous livre un florilège de cantes choisis parmi les plus difficiles, à la fois fidèles aux modèles mélodiques originaux, et indéniablement personnels quant à leur ornementation et à leur phrasé : Fandangos de Manuel Vallejo (« por Bulería », ce qui n’ est pas illégitime, leur créateur les interprétant le plus souvent « por Soleá », sur des tempos enlevés) ; Fandangos « abandolaos », dédiés à Enrique Morente, de Perez de Guzmán (les seuls Fandangos de Huelva accompagnés traditionnellement sur ce rythme) et de Frasquito Yerbabuena ; Granaína, dont la coda est ici un modèle de délicatesse – tout en nuances, sans les débauches de notes interminablement tenues qu’ on nous inflige trop souvent (nous aurions cependant apprécié qu’ elle soit suivie d’ une Media Granaína plus spectaculaire, et bien dans les cordes – vocales, du cantaor) ; des Fandangos ad lib. personnels, avec un hommage bienvenu à son compatriote Manuel Jiménez Rejano, fort injustement oublié actuellement (la première letra nous apprend que la grand-mère de Julian Estrada réussissait fort bien la pâte de coing… - avis aux futurs biographes) ; enfin une Taranta, suivie à nouveau d’ un cante « abandolao », après une curieuse transition de guitare en trémolo a compás de Taranto.
Comme Luis de Córdoba, Julian Estrada affectionne aussi les Tangos mélodiques sur tempo modéré, dont on trouvera ici un exemple sous la forme d’ une composition originale de Paco Cruzado et Gregorio Mojarro (paroles d’ Ana Reverte). Mais ce sont surtout les Tangos de Triana que nous retiendrons, dans une version aussi recommandable que différente de celles de Naranjito de Triana et d’ Esperanza Fernández.
Nous passerons rapidement (le plus rapidement possible…) sur la rituelle adaptation de chanson « por Bulería » (« Soy rebelde », de Jeanette – hé oui, la Jeanette de « Porque te vas »...), pour nous attarder à ce qui nous semble être les deux sommets du disque : la Caña et les cantes de Trilla. La première est dédiée à Rafael Romero, bien que les « ayes – estribillos » liés évoquent plutôt la version de Cayetano Muriel. Nous vous laissons découvrir la construction d’ ensemble, aussi originale que cohérente, avec notamment une introduction personnelle et une longue et brillante vocalise finale qui remplace la traditionnelle Soleá de Triana conclusive, utilisée ici comme intermède entre les différentes phases de la Caña. Les secondes, commencées ad lib. et a capella (une splendide Temporera dédiée à Pedro Lavado, maître du genre, mais aussi des Fandangos de Lucena et Puente Genil), elles sont ensuite remarquablement accompagnées « por Siguiriya » par Dani de Morón.
Ce dernier signe par ailleurs toutes les parties de guitare, avec sa musicalité habituelle, et la plupart des arrangements, assisté par quelques grands professionnels habitués, à juste titre, des séances de studio (Manolo Nieto à la basse ; Agustín Diaserra aux percussions ; Los Mellis et Inma La Carbonera pour les chœurs – pour une fois pas trop envahissants). Notre seule réserve portera sur l’ accompagnement de Dani de Morón, très allusif, ce qui d’ ailleurs peut être une qualité pour d’ autres cantaores. Le cante de Julian Estrada brille par sa qualité vocale et par sa finesse mélodique, mais le dynamisme rythmique n’ est pas sa vertu première. Un accompagnement plus incisif aurait sans doute mieux fait l’ affaire. Nous venons d’ ailleurs de l’ entendre en duo avec Niño de Pura, à Almachar (charmant village de l’ Axarquía, qui organise chaque année un cycle de concerts flamencos, gratuits qui plus est…), et le résultat nous a semblé plus convaincant encore. Naturellement, il ne s’ agit nullement de comparer les deux guitaristes, mais de trouver la meilleure association possible entre tel type de voix et tel style de toque. Avis aux programmateurs : le duo offre en concert une combinaison détonante de connivence musicale et de présence scénique, avec juste ce qu’ il faut de démonstration technique pour passer la rampe, sans altération de la qualité et de l’ émotion musicales.
Julian Estrada : Cantes de Trilla - guitare : Dani de Morón
Une nouveauté pas si fraîche que ça : le label Bujío n’ ayant pas jugé utile de nous envoyer la précieuse galette, nous avons dû attendre un séjour en Espagne pour nous la procurer par nos propres moyens, et nos propres deniers...
Après un premier enregistrement réussi (c’ était le cas de « Trimilenaria » - PAE, 2008)), la conception du suivant est toujours une épreuve difficile. Deux choix s’ offrent aux artistes : poursuivre dans la même voie, ou tenter d’ échapper à la tentation routinière. Avec « La Viña. Cantón independiente », David Palomar a opté pour la seconde solution, en proposant une sorte de « concept album » à la gloire de son quartier natal, de Cádiz, et subsidiairement de Jerez. Tout est soigneusement pesé, des textes et des musiques (Palomar signe d’ ailleurs, seul ou en collaboration, neuf des treize titres du programme) au graphisme, qui n’ est pas sans rappeler celui du « Rise and fall of Ziggy Stardust » de David Bowie.
Le titre semble être une allusion à la révolution cantonale, fédéraliste et libertaire, qui secoua l’ Andalousie en 1868. Et, effectivement, Cádiz était alors, et est restée, un bastion de la contestation politique et sociale (malgré les dérives commerciales, les textes des Tanguillos du concours de « comparsas » qui s’ y déroule chaque année pour le Carnaval en témoignent encore). Les textes du cantaor célèbrent les mille et une vertus de Cádiz, résumées dans « Soñando despierto (Tributo a la ciudad de Cádiz) » (« … Es una suerte y lo sé / Haber nacido en tu seno… »), et déclinées sous leurs différents aspects, avec des bonheurs divers :
_ L’ héritage flamenco, avec des allusions à de grands anciens, certes remarquables, mais dont l’ énumération interminable peut finir par lasser, au point qu’ on peut se demander s’ il ne s’ agirait pas là d’ un moyen de pallier quelques pannes d’ inspiration : María La Sabina, La Perla, El Mellizo, Manolo Vargas, El Sordera, Fernando Terremoto, Santiago Donday, Chano Lobato pour la première Bulería ; Santiago Donday (à nouveau) et Niño de los Rizos, un guitariste cette fois, pour les Tientos ; El Torta et El Borrico pour la deuxième Bulería. On voit par là que l’ horizon de David Palomar n’ est pas aussi limité que pourrait le laisser supposer le propos de l’ album, puisqu’ il s’ étend jusqu’ à Jerez, voire Séville (les Sevillanas, justement)…
_ L’ histoire de la ville, et singulièrement sa résistance victorieuse à l’ invasion napoléonienne (1810), qui fut effectivement l’ un des creusets des mouvements démocratiques andalous (Tanguillo). Mais si la charge contre l’ arrogance française est amplement méritée, elle n’ en reste pas moins bien lourde. Il aurait été nettement préférable de puiser dans le fond inépuisable des textes des cachuchas de l’ époque, autrement incisifs.
_ L’ actualisation de la contestation politique et sociale, traditionnelle à Cádiz. Hélas, les meilleures intentions ne garantissent pas toujours la qualité littéraire, et l’ auteur tombe souvent dans un premier degré bien plat :
« Cuando los que mandan
Pierden la vergüenza
Los que obedecen
Pierden el respeto y los papeles,
No el derecho de escupirle
A la alta sociedad por derecho » (« Temporeras sociales »)
On trouverait le même genre de lieux communs, du genre « tous pourris », dans la « Granaína de la Esperanza » et la « Malagueña existencial ». Dans ce registre, nous préférons nettement quelques slogans plus sobres, qui pourraient servir dans quelques manifestations :
« Es fácil engañar al que no sabe.
Es facil comprar al que no tiene » (« Temporeras sociales »)
Finalement, l’ auteur est nettement mieux inspiré quand il croque des scènes de la vie quotidienne, à la manière de Kiko Veneno :
« Un tendero que fue torero,
Una maruja en chancletas,
Un titi, un menda, una piba,
Un parado en camiseta.
Por los callejones
La Uchi en su bicicleta
Va alegrando corazones. »
Sur le plan musical, on sait depuis Serafín Estebanez Calderón que Cádiz a toujours été la « porte d’ entrée » des multiples cultures musicales dont la « fusion » a fini par produire le flamenco (les termes entre parenthèses sont des citations d’ Estebanez Calderón lui-même). David Palomar nous propose donc un kaléidoscope de styles et de couleurs sonores, dans lequel chacun pourra trouver matière à se réjouir et à s’ irriter, selon ses appétences personnelles.
Le disque commence, on ne peut mieux, avec une longue Bulería remarquablement construite, alternant chant sur les seules palmas ou sur des entrelacs de guitares (Keko Baldomero et Dani Méndez), chœurs, rap flamenco (Tomasito)…, le tout en une harmonieuse synthèse des styles de Cádiz et de Jerez. Suivent une Rumba très afro – cubaine sur d’ efficaces arrangements de cuivres (enregistrés en Californie, une entorse savoureuse, et rassurante, à la profession de fois un peu étriquée de l’ album…) et des Sevillanas en duo chant / piano (très bel accompagnement de Jesús Lavilla), dans le style de Manuel Pareja Obregón. L’ album se termine d’ aussi belle façon, par une série de Cantiñas, Mirabrás et Alegrías de Córdoba, chantées à capella, enregistrées en public au Café -Théâtre Pay Pay en 2009 (d’ où, sans doute, la mention « bonus track »).
Le reste du programme est beaucoup plus inégal, notamment par un parti pris d’ originalité systématique qui sonne souvent bien artificiel. Les arrangements lourdement binaires des Tientos (percussion, guitare et bouzouki – cette association est peut – être inspirée par les « Tientos griegos » d’ Enrique Morente, accompagnés de guitares, laúds et bandurrias générant le même type de couleur sonore – mais la réussite était tout autre) plombent le phrasé du cante, à tel point qu’ on croirait parfois écouter une Zambra. Où sont passées la grâce et la légèreté de Manolo Vargas ou El Flecha ? La Zambra « Locura de amor » est d’ ailleurs de la même veine, une mandoline remplaçant cette fois le bouzouki. Ce trio de cordes pincées, avec le renfort d’ un accordéon, d’ une basse, de percussions et de chœurs, évoquent par contre avec à propos l’ ambiance sonore des comparsas du Carnaval gaditan (Tanguillo).
« Doña Jerez » (Bulerías) est un bel exercice de style, que David Palomar interprète effectivement avec un swing très jérézan, et avec la complicité de Moraíto et Keko Baldomero.
La voix du cantaor est par contre un peu courte pour la Granaina, et plus encore pour la Malagueña de Fosforito (belle introduction de Dani Méndez pour cette dernière). La Granaína est interprétée en duo chant – contrebasse. L’ idée aurait été intéressante si Pablo Martín ne s’ était pas évertué à copier l’ accompagnement traditionnel de guitare, au lieu de tirer parti des ressources de son instrument. Il le fait enfin, remarquablement mais bien tard, sur la sorte d’ ébauche de Fandango personnel, pas vraiment convaincant, qui fait usage de coda. L’ ambiance sonore des Temporeras s’ inspire nettement, à nouveau, d’ Enrique Morente (cette fois de « Guern – Irak »), mais sans sa démesure maîtrisée. On reste du coup à mi – chemin, et le bruitisme, les nappes arpégées de piano, les mixages de voix parlées … semblent bien anecdotiques. A tout prendre, un cante a capella aurait mieux fait l’ affaire.
Deux excursions hors du répertoire flamenco complètent cette palette de styles. Le « Tribut à Cádiz » est une chanson ternaire, à l’ arrière goût de Sevillana, qui ne se démarque guère du tout venant de la production de variétés andalouses. L’ « Hommage au rock andalou » lorgne plutôt vers Triana ou Alameda, voire Vaïnica Doble, que vers Pata Negra, avec juste ce qu’ il faut de riffs et de contre – chants de guitare saturée (Charlie Cepeda).
On ne reprochera pas à David Palomar d’ avoir beaucoup tenté, même si la réalisation ne nous semble pas toujours à la hauteur des intentions. On aura compris, à la longueur de cette critique, tout l’ intérêt du projet. Un artiste aussi déterminé et créatif ne saurait laisser indifférent, et nous attendons avec impatience et curiosité son prochain album.
David Palomar : "No te quédes atrás" (Bulerías) - guitares : Keko Baldomero et Dani Méndez / chant : Tomasito / percussions : Paquito González / choeurs : Anabel Rivera, Toñi Nogaredo, May Fernández, Reyes Martín, Marce Rivera et Riki Rivera / palmas : Diego Montoya, El Junco et Javier Katumba
Depuis quelques années, l’ Agencia Andaluza del Flamenco, le Centro Andaluz del Flamenco, la Consejería de Inovación, Ciencia y Empresa et les Universités Andalouses produisent conjointement une série d’ enregistrements, sous le titre générique de « Flamenco y Universidad ». On regrettera d’ ailleurs au passage que ces réalisations ne soient distribuées que très confidentiellement (quand elles le sont…). C’ est malheureusement fréquemment le cas : on ne comprend pas très bien pourquoi des livres, disques, films…, souvent d’ un grand intérêt documentaire, et financés, qui plus est, par des subventions publiques, devraient être systématiquement réservés à quelques happy few.
Toujours est-il que la collection comporte à ce jour six volumes, parmi lesquels une conférence – concert donnée par Antonio Mairena à la Faculté de Droit de Séville (1969), une autre par Pepe Marchena à la Faculté de Médecine de Séville (1972) et l’ enregistrement public d’ un concerto pour guitare et orchestre (guitare : Manuel Morao ; orchestre dirigé par Benito Lauret), commande réalisée pour l’ inauguration du Museo del Flamenco de Jerez (1974).
Nous sommes redevables du dernier en date , intitulé « Boda », aux archives sonores soigneusement conservées par Juan Peña « El Lebrijano ». Il s’ agit de la captation sonore, avec les moyens du bord, de la fête donnée en l’ honneur des noces du cantaor, en 1964. S’ y trouvaient présents, entre autres et outre le protagoniste lui-même, María La Perrata (mère de El Lebrijano), Antonio Mairena, Pastora Pavón « Niña de los Peines » et son mari, Pepe Pinto. Les différents cantes sont donc des solos, des duos et des trios entre ces cinq artistes, accompagnés par Pedro Peña, frère de El Lebrijano.
L’ événement est évidemment l’ apparition miraculeuse de nouveaux enregistrements de La Niña de los Peines. Jusqu’ à présent, sa discographie officielle comportait 258 cantes, enregistrés de 1910 à 1950. Il faudra donc dorénavant parler d’ une discographie s’ étendant sur plus d’ un demi siècle, même si les Bulerías incluses dans « Boda » n’ étaient pas destinées à être diffusées. Si la voix avait perdu (un peu…) de sa qualité, la grâce, l’ élégance et l’ inventivité rythmique de Pastora étaient restées intactes. Les Bulerías d’ Antonio Mairena sont tout aussi remarquables : on oublie trop souvent qu’ avant de devenir un défenseur intransigeant du « flamenco gitan pur et dur », Mairena avait commencé sa carrière discographique en enregistrant quasi exclusivement des Fandangos et des Bulerías, en compagnie d’ Estebán de Sanlúcar et de Paco Aguilera (nous ne saurions trop vous conseiller l’ acquisition de la réédition de ces savoureux cantes – Calé Records CD 081, 1997). Et El Lebrijano se montre un digne émule de son maître.
La jaquette ne mentionne que ces trois artistes, et il faut donc scruter attentivement le programme pour découvrir les deux autres. C’ est sans doute commercialement justifié (car « Boda » est pour le moment, contre toute attente, distribué) mais artistiquement très injuste. Il est évidemment difficile d’ exister en tant que cantaor quand on est le mari de La Niña de los Peines : trop souvent catalogué comme « Monsieur Pavón », Pepe Pinto était un très honorable chanteur, dans la lignée de Tomas Pavón. Il le démontre ici dans deux Cantes de Minas « por Bulería », et on le redécouvrira sans doute un jour (rééditer le LP « Homenaje de Pepe Pinto a Niña de los Peines y Tomás Pavón » - Discophon Sc 2.040, 1969, ne serait pas une mauvaise idée. Nous vous en proposerons des extraits prochainement dans notre rubrique « Archives sonores ».). Enfin, les quelques interventions de La Perrata ont l’ intensité et la spontanéité auxquelles pouvaient s’ attendre ceux qui connaissent ses enregistrements Polydor de 1972 (réédition CD : série « Grandes cantaores del Flamenco », Philips 522 092 – 2, 1994).
Il semble qu’ on n’ ait chanté cette nuit – là que des Bulerías, qui occupent la totalité des 22 plages du disque. L’ épreuve est donc parfois un peu rude, et la piètre qualité sonore n’ arrange rien (Pedro Peña est parfois inaudible). Mais la patience étant toujours récompensée, vous découvrez, entre les inévitables temps morts et autres approximations vocales, quelques petites merveilles. Et qui voudrait se priver d’ un tel documents ? Hâtez – vous : « Boda » est encore trouvable pour le moment, mais ça ne saurait durer bien longtemps…
Niña de los Peines : Bulerías - guitare : Pedro Peña
Claude Worms
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