Hommage à Juan Carmona "Habichuela"

12 août 1933, Grenade / 30 juin 2016, Madrid

vendredi 1er juillet 2016 par Claude Worms

"Yo siempre he sido muy aficionado al cante, y he sabido ayudar a los cantaores y llevarles como en volandas (...) es lo que tiene que hacer un guitarrista. Tocar siempre por debajo de las posibilidades de uno en favor del que canta y baila" - Juan Carmona "Habichuela". Interview par Pablo San Nicasio, in "Contra las cuerdas", Ediciones Oscar Herrero, San Lorenzo de El Escoria, 2014.

Il m’est particulièrement difficile de rendre hommage à un musicien qui m’était très proche, bien que je ne l’aie jamais rencontré. On me permettra donc pour une fois d’évoquer un souvenir personnel. C’était au début des années 1970, et je travaillais depuis trois ans les compositions de mon premier professeur, José Peña. Je les trouvais "jolies" et j’y prenais plaisir, mais je ne comprenais pas vraiment ce que je jouais. Quelques pèlerinages en Andalousie s’imposaient, et c’est ainsi que j’assistai, avec Maguy Naïmi et nos amis Michèle et Claude Delmas et Patrice Champarou, à mon "premier festival", à Almería. Les premiers artistes à entrer en scène étaient Antonio Nuñez "El Chocolate" et Juan Carmona "Habichuela". A la fin de la première série de cantes (des siguiriyas), je savais définitivement ce que je voulais faire avec une guitare : accompagner le chant, exactement comme venait de le faire le petit homme jovial, mais d’une concentration imperturbable, assis à la gauche du cantaor. Inutile d’ajouter que presque un demi siècle plus tard, je n’y suis toujours pas parvenu. J’ai d’ailleurs quelques circonstances atténuantes : personne, jamais, ne pourra accompagner le cante comme Juan "Habichuela", avec une telle connaissance du répertoire et une telle intuition instantanée, qui lui permettait d’anticiper aussi exactement les moments d’inspiration du chanteur - et de se faire discret - que ses failles - et de les rendre imperceptibles par une "réponse" fulgurante ou un rasgueado dont la précision remettait le compás sur ses rails. Sans ce premier choc, les disques de Juan que j’ai ensuite collectionnés, et les nombreux festivals andalous où il était invariablement le guitariste que les cantaores se disputaient, je n’aurais sans doute pas persisté intrépidement dans cette voie, et la guitare flamenca serait restée pour moi une sorte d’aimable délassement exotique.

Avec Fosforito

Avec Juan Maya "Marote", Juan "Habichuela" est le principal créateur du "toque de Granada". Son style est une version décantée de celui de Sabicas, con acento del Sacromonte : un toucher d’une densité aérienne, qui fond en un même flux dynamique les arpèges et les rasgueados, les trémolos et l’alzapúa. Sans jamais s’écarter des harmonies traditionnelles, sans "postura" acrobatique, sans démonstration de virtuosité ostentatoire, il transfigure les "paseos" les plus rebattus par des phrasés dont l’articulation fantasque dissimule une précision rythmique implacable. Si ses falsetas lapidaires s’immiscent si parfaitement dans le cante, au point de passer souvent inaperçues, c’est que sa guitare "dit le chant" avec autant d’intensité et d’émotion que la voix du cantaor - une guitare intemporelle à force d’ascèse, qui donne une réplique aussi exacte à Fosforito, Manolo Caracol, Juan Valderrama, Chano Lobato ou Rancapino, qu’à Enrique Morente, Pitingo, Ketama ou La Barbería del Sur.

Claude Worms

NB : pour plus d’informations biographiques, lire notre article "Grenade, haut-lieu de la guitare flamenca. 1ère partie" - Grenade, haut-lieu de la guitare flamenca

Discographie

Les disques enregistrés par Juan "Habichuela" étant innombrables, nous nous contenterons de conseiller à nos lectrices et lecteurs qui ne l’auraient jamais écouté les trois CDs tardifs et très facilement accessibles gravés sous son nom. Outre quelques solos et duos (avec Paco de Lucía, Juan Manuel Cañizares, Tomatito et José Miguel Carmona), on y trouvera surtout de mémorables leçons d’accompagnement pour Alejandro Sanz, Ketama, El Potito, Chano Lobato, Montse Cortés, Rancapino, Manolo Caracol (à titre posthume...), Pepe Luis Carmona, José Mercé, Estrella Morente, La Barbería del Sur, Juan Valderrama, Miguel Poveda, Enrique Morente, José Menese et Marina Heredia - dans l’ordre des trois CDs.

"De la Zambra al Duende" - Mercury 534556 (1999)

"Campo del Príncipe" - Mercury 004001798825 (2002)

"Una guitarra en Granada" - Universal 0602517334731 (2007)

Avec Enrique Morente et Pepe Habichuela

Transcriptions

Nous vous proposons une anthologie de falsetas de Juan "Habichuela", enregistrées avec Rosario López, José Sorroche, El Indio Gitano et José de la Tomasa entre 1971 et 1978 - à l’exception de la bulería "Mi barca", enregistrée en 1962 avec Manolo Caracol. Le recueil étant depuis longtemps épuisé, les éditions Score on Line nous pardonneront sans doute cet auto-piratage.

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Galerie sonore

Enregistrements intégraux des cantes dont sont issues nos transcriptions - les falsetas de Juan "Habichuela" ne peuvent être pleinement appréciées que dans leur contexte.

Avec Manolo Caracol - LP Philips, 1962 - réédition CD : "Grabaciones históricas. Vol. 35", Universal 0601215348927 (2002)

"Mi barca" (bulerías)

Bulerías

Avec José Sorroche - EP RCA Victor 3 21132 (1971)

"Madre y cuna del taranto" (taranto)

Taranto

Avec Rosario López- LP Novola / Zafiro ZLF 816 (1978)

"Al barquito que en el mar" (soleares)

"La niña de cinco mozos" (bamberas)

"Tan fácil es ver a un hombre" (caña)

"Que buena mi hermana" (siguiriyas)

"Si con el pensamiento" (serrana)

"Las murallitas al mar" (alegrías)

"Tengo pleíto con mi madre" (bulerías)

Soleares
Bamberas
Caña
Siguiriyas
Serrana
Alegrías
Bulerías

Avec El Indio Gitano- LP Philips, 1972 - réédition CD : "Grabaciones históricas. Vol. 7", Universal 06012153446121 (2002)

"Compañera de mis carnes" (soleares)

"Pensé y me dijé ¿Para que ?" (fandangos)

"A todos los mineros" (taranto)

Soleá
Fandangos
Taranto

Avec José de la Tomasa - LP Olivo / Belter 2 27012 (1978)

"Esta candelita lenta" (soleares)

"Siempre voy ríendo" (siguiriyas)

"Deja el dinero" (fandangos)

"En la puerta hay un rosal" (granaínas)

"Trabajando" (taranto)

"Cierro los ojos" (cartagenera)

"Ví tu figura en el río" (romeras)

"Sembrao de fatigas" (tientos)

Soleares
Siguiriyas
Fandangos
Granaínas
Taranto
Cartagenera
Romeras
Tientos

Bulerías
Taranto
Soleares
Bamberas
Caña
Siguiriyas
Serrana
Alegrías
Bulerías
Soleá
Fandangos
Taranto
Soleares
Siguiriyas
Fandangos
Granaínas
Taranto
Cartagenera
Romeras
Tientos




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