La discographie d’El Cojo de Málaga (deuxième partie : fandangos, granaínas et malagueñas)

mercredi 25 mai 2022 par Claude Worms

De l’abondante production discographique de Joaquín José Vargas Soto "el Cojo de Málaga", la postérité a surtout retenu les cantes de minas. Mais elle recèle beaucoup d’autres trésors. Aussi lui consacrons-nous trois articles.

El Cojo de Málaga avec le guitariste Manolito Cepero

La singularité et la virtuosité du style vocal d’El Cojo de Málaga le désignaient comme un interprète et créateur exceptionnel, non seulement des cantes de minas (cf. La discographie d’El Cojo de Málaga (première partie : cantes de minas)), mais aussi des fandangos et de tous leurs autres dérivés. Pour notre sélection, nous avons retenu 38 enregistrements (sur 97 au total pour les trois parties), soit un nombre et une proportion à peu près équivalents à ceux des cantes de minas, par rapport à la recension totale telle qu’établie par Gonzalo Rojo Guerrero (cf. première partie). Les variantes créées par El Cojo de Málaga sont d’une telle originalité qu’il est souvent malaisé de les rattacher à la nomenclature usuelle des cantes et des palos.

La discographie d’El Cojo de Málaga couvre une période relativement brève, de 1921 à 1929. Il l’a initiée alors qu’il avait quarante et un ans. Son style est donc déjà fermement établi, et on ne décèle aucune évolution significative au cours de la décennie. D’autre part, les dates d’enregistrement et/ou de distribution de ses disques restent parfois confuses. Pour ces deux raisons, nous nous abstiendrons de les renseigner. Nous nous sommes néanmoins efforcé de les présenter , autant que possible, par ordre chronologique pour chaque palo. Notons que pour les séances de 1927 et 1929, la proportion des cantes de minas diminue alors que celle des fandangos augmente : une mode passe, une autre s’annonce.

Rappelons que la plupart de ses séances d’enregistrement ont été réalisés avec Miguel Borrull Padre et/ou Hijo. Nous ne mentionnerons donc les guitaristes que s’il s’agit d’autres partenaires (Ramón Montoya ou Pepe Hurtado).

I Fandangos

El Cojo de Málaga et le jeune cantaor Niño de Málaga

Lorsqu’il chante des fandangos, El Cojo de Málaga y introduit fréquemment les chromatismes caractéristiques des cantes de minas. Comme il était d’usage jusque dans les années 1920-1930, tous sont accompagnés sur le rythme nommé actuellement "abandolao", avec un rubato plus ou moins prononcé.

A) Fandangos de Huelva (5)

Pour les fandangos de Huelva, El Cojo de Málaga a gravé à plusieurs reprises une composition attribuée à José Pérez de Guzmán (Jerez de los Caballeros, Badajoz,1895 - Lucena del Puerto, Huelva, 1930,) rare dans la discographie de l’époque, non sans lui imprimer un caractère des plus personnel. Les autres enregistrements puisent dans le répertoire d’Alosno. L’accompagnement actuel, tel que développé notamment par Niño Ricardo (carrure harmonique binaire dans un rythme externe ternaire), n’est pas encore d’actualité.

Fandangos de Huelva 1 (Alosno)
Fandangos de Huelva 2 (Pérez de Guzmán)
Fandangos de Huelva 3 (Pérez de Guzmán)
Fandangos de Huelva 4 (Alosno)
Fandangos de Huelva 5 (Alosno)

NB : fandangos de Huelva n° 5 — guitare : Ramón Montoya.

B) Fandangos de Lucena (5)

Après Cayetano Muriel "Niño de Cabra", El Cojo de Málaga est l’autre grand spécialiste historique de ces cantes. Il les enregistre dès sa première séance en 1921 – l’un d’entre eux (n° 1) est couplé avec la murciana n° 1 (cf. première partie).

Fandangos de Lucena 2
Fandangos de Lucena 3
Fandangos de Lucena 4
Fandangos de Lucena 5

C) Autres fandangos "abandolaos" (11)

Seuls les fandangos de Frasquito Yerbabuena (Granada, 1883-1944) sont aisément identifiables — outre les fandangos n° 5 et 6, une troisième version suit la malagueña n° 9 (cf. ci-dessous). Certains autres présentent quelques similitudes avec les rondeñas (ou les "cantes de jabegote", selon les nomenclatures) ou les verdiales. Nous les désignons comme "rondeñas del Cojo" ou "verdiales del Cojo". Pour le reste, nous optons prudemment pour la mention "fandangos del Cojo". Il est possible que ces derniers aient influencé Manuel Vallejo (écoutez les fandangos n° 7, et leur "temple").

Fandango "abandolao" 1 (verdial del Cojo de Málaga)
Fandangos "abandolaos" 2 (rondeña et fandango del Cojo de Málaga)
Fandangos "abandolaos" 3 (rondeña del Cojo de Málaga)
Fandangos "abandolaos" 4 (verdiales del Cojo de Málaga)
Fandangos "abandolaos" 5 (Frasquito Yerbabuena)
Fandangos "abandolaos" 6 (Frasquito Yerbabuena)
Fandangos "abandolaos" 7 (El Cojo de Málaga)
Fandangos "abandolaos" 8 (El Cojo de Málaga)
Fandangos "abandolaos" 9 (El Cojo de Málaga)
Fandangos "abandolaos" 10 (El Cojo de Málaga)

NB : fandangos n° 7 — guitare : Pepe Hurtado. Pour les "jaleos", on entend la voix de La Pirula de Málaga (nous y reviendrons dans la troisième partie). Fandangos "abandolaos" n° 10, deuxième cante : letra identique à celle d’un fandango de Manuel Torres, mais modèle mélodique différent.

II Medias granaínas, fandangos del Cojo ? (7)

El Cojo de Málaga (à gauche) et le cantaor Canalejas de Puerto Real (2)

Il est frappant de constater qu’El Cojo de Málaga n’a jamais enregistré les granaínas et medias granaínas d’Antonio Chacón, de loin les plus reprises par ses contemporains. Nous ne savons rien des antécédents possibles à ses propres compositions, sinon qu’il fut un ami de Frasquito Yerbabuena, le principal recréateur des fandangos de Granada (cf. ci-dessus). Les medias granaínas del Cojo n’ont jusqu’à présent pas fait beaucoup d’émules — avis aux jeunes cantaor(a)es en quête de nouveaux répertoires. Si la plupart respecte les invariants des profils mélodiques du genre (notes clés), une minorité s’en écarte sensiblement mais reprend les désinences des tercios (n° 5 et 7, premier cante) — d’où l’incertitude de la nomenclature : medias granaínas, fandangos/granaínas, fandangos personnels ?

Media granaína 1 (El Cojo de Málaga)
Media granaína 2 (El Cojo de Málaga)
Media granaína 3 (El Cojo de Málaga)
Media granaína 4 (El Cojo de Málaga)
Media granaína 5 (El Cojo de Málaga)
Media granaína 6 (El Cojo de Málaga)
Media granaína 7 (El Cojo de Málaga)

NB : medias granaínas n° 7 — guitare : Ramón Montoya. Media granaína n° 5 : letra identique à celle d’un fandango d’El Gloria, mais modèle mélodique différent.

III Malagueñas (9)

El Cojo de Málaga et son épouse

Là encore, El Cojo de Málaga évite les cantes les plus fréquentés par ses contemporains (malagueñas d’Enrique "el Mellizo" et d’Antonio Chacón) et se limite aux créations de deux cantaor(a)es-compositeurs, Trinidad Navarro Carrillo "la Trini" (Málaga, 1866 - Antequera ?, vers 1930) et surtout Juan Breva (Vélez-Málaga, 1843 ou 1846 - Málaga, 1918 ; ses malagueñas sont parfois nommées "bandolás"). S’y ajoute une composition personnelle.

Malagueña 1 (La Trini)
Malagueña 2 (Juan Breva)
Malagueña 3 (La Trini)
Malagueña 4 (Juan Breva)
Malagueña 5 (Juan Breva)
Malagueña 6 (Juan Breva)
Malagueña 7 (Juan Breva)
Malagueña 8 (El Cojo de Málaga)
Malagueña 9 (Juan Breva) + Fandango de Frasquito Yerbabuena

Claude Worms


Fandangos de Huelva 1 (Alosno)
Fandangos de Huelva 2 (Pérez de Guzmán)
Fandangos de Huelva 3 (Pérez de Guzmán)
Fandangos de Huelva 4 (Alosno)
Fandangos de Huelva 5 (Alosno)
Fandangos de Lucena 2
Fandangos de Lucena 3
Fandangos de Lucena 4
Fandangos de Lucena 5
Fandango "abandolao" 1 (verdial del Cojo de Málaga)
Fandangos "abandolaos" 2 (rondeña et fandango del Cojo de Málaga)
Fandangos "abandolaos" 3 (rondeña del Cojo de Málaga)
Fandangos "abandolaos" 4 (verdiales del Cojo de Málaga)
Fandangos "abandolaos" 5 (Frasquito Yerbabuena)
Fandangos "abandolaos" 6 (Frasquito Yerbabuena)
Fandangos "abandolaos" 7 (El Cojo de Málaga)
Fandangos "abandolaos" 8 (El Cojo de Málaga)
Fandangos "abandolaos" 9 (El Cojo de Málaga)
Fandangos "abandolaos" 10 (El Cojo de Málaga)
Media granaína 1 (El Cojo de Málaga)
Media granaína 2 (El Cojo de Málaga)
Media granaína 3 (El Cojo de Málaga)
Media granaína 4 (El Cojo de Málaga)
Media granaína 5 (El Cojo de Málaga)
Media granaína 6 (El Cojo de Málaga)
Media granaína 7 (El Cojo de Málaga)
Malagueña 1 (La Trini)
Malagueña 2 (Juan Breva)
Malagueña 3 (La Trini)
Malagueña 4 (Juan Breva)
Malagueña 5 (Juan Breva)
Malagueña 6 (Juan Breva)
Malagueña 7 (Juan Breva)
Malagueña 8 (El Cojo de Málaga)
Malagueña 9 (Juan Breva) + Fandango de Frasquito Yerbabuena




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