mercredi 28 août 2019 par Claude Worms
Juan Serrano : "Concert flamenco enregistré à la Foire Internationale de New-York" - LP RCA Victor 430.682 S, 1965.
Juan Serrano : "Le monde du flamenco" - LP RCA Victor 740.505, 1967
Juan Serrano (Cordoue, 1934) est issu d’une famille d’artistes flamencos : son père, Antonio Serrano "Antonio del Lunar" (1890-1965) était lui-même tocaor, et sa mère, Cecilia Rodríguez "Niña de la Sierra" (1901-1984) était cantaora et bailaora. Considéré en Espagne comme l’un des jeunes guitaristes les plus prometteurs de sa génération dès la fin des années 1950, il dut cependant émigrer aux Etats-Unis pour que son talent de concertiste et compositeur soit enfin reconnu, comme Vicente Gómez, Sabicas ou Mario Escudero avant lui - et non sans avoir laissé en héritage à sa ville l’enregistrement d’une horloge flamenca qui marque les heures "por soleá" sur la place de Las Tendillas depuis 1960.
Il arrive aux Etats-Unis en 1959, engagé dans la troupe de La Chunga (Mario Maya, Los Pelaos et Roque Montoya "Jarrito") avec laquelle il tourne jusqu’en 1961. En 1962, parrainé par l’acteur et chanteur Theodore Bikel, il débute au "Bitter End", un cabaret de de Greenwich Village où enregistreront, entre autres, Pete Seeger et Randy Newman. Bikel le présente alors au label Elektra, pour lequel il enregistre une trilogie entre 1962 et 1964 : "Ole la mano" (Elektra EKS 7227), "Flamenco Fenomeno" (Elektra EKS 7235) et "Bravo Serrano" (Elektra EKS 7275). Le dernier, qui comprend une composition dédiée à l’une de ses élèves (Alix Castroviejo), qui sera au programme de ses concert pour la Foire Internationale de New-York, est produit par Mark Abramson, qui travaille également pour Phil Ochs, Judy Collins et le Paul Butterfield Blues Band.
En 1964, Juan Serrano signe un nouveau contrat avec le label RCA, sur lequel il publiera sept LPs entre 1965 à 1968 - les premiers sont produits par Jack Somer et Herman Díaz Jr, qui officie également pour Tito Puente, Pérez Prado et le duo de guitares "Indios Tabajaras". Le second est enregistré en octobre 1964 pendant plusieurs des concerts qu’il donne au Pavillon Espagnol de la Foire Internationale de New-York. Publié en 1965 aux USA, sous le titre "Juan Serrano at the World’s Fair. Flamenco Concert Recorded Live at the Spanish Pavilion" (RCA Victor LSP-3328), il fait immédiatement l’objet de trois autres éditions au Canada, en Colombie et en France, un signe qui ne trompe pas sur les ventes qu’en attend le label. Le programme comprend des palos en bonne et due forme, et quelques compositions "por lo flamenco" (en général entre zambra, tiento et tango), judicieusement choisies pour plaire au public de la Foire, qui n’est pas composé que d’aficionados (cf. ci-dessous, programme du disque n° 1).
Dans le suivant, "Juan Serrano Plays Popular Music of Spain and the Old World. Heady Music ol Spain’s-Spiced with a Few Surprised from the East" (RCA Victor LSP-3459, 1965), la rumba "Verde selva", avec accompagnement de basse et de bongos, anticipe de dix ans "Entre dos aguas" - la "Few Surprised from the East" est une version flamenca de ... "Hava Nagilah". En 1967, "The Flashing Glittering World of the Flamenco Guitar of Juan Sarrano" (RCA Victor LSP-3781) sort en France sous un titre légèrement plus sobre : "Le monde du flamenco". La critique états-unienne salue unanimement Juan Serrano comme "le plus grand génie de la guitare flamenca", devant Sabicas et Carlos Montoya. C’est surtout sa main droite qui déchaîne l’enthousiasme : des traits en picado d’une longueur inédite, un trémolo de huit triples-croches qui anticipe le trémolo "continu" de Manolo Sanlúcar, et des rasgueados joués "à l’envers" (depuis l’auriculaire, et non l’index). La même année, il reçoit le troisième "Premio Nacional de Guitarra" décerné par la "Catedra de Flamencología de Jerez".
A partir des années 1970, Juan Serrano se tourne de plus en plus vers l’enseignement. Il fonde d’abord la "Société Internationale de Flamenco de Michigan" (1973), puis la "Société de guitare de Fresno" (1981). De 1984 à sa retraite en 2004, il enseigne au "Département de Musique de l’Université de Californie" (Fresno). S’il n’enregistre plus guère (deux disques en 1972 et 1991), il entreprend par contre, à partir de 1979, l’édition de la plupart de ses compositions, et de méthodes et d’études pour guitare flamenca - MelBay Editions, quinze recueils avec CD (K7 pour les premières éditions) et/ou DVD entre 1979 et 2112.
NB : nous sommes redevable de la plupart des informations de cet article à José Manuel Gamboa - "¡ En er mundo ! De cómo Nueva York le mangó a París la idea moderna de flamenco. 4. Jet lag ole stars in Hi-Fi. 2da parte : La gran guitarra en la gran manzana". Séville, Athenaica. 2019 (563 pages). L’auteur achève avec ce quatrième volume sa saga historique des "Flamencos à New-York" (en plus de 2000 pages...), dont nous vous avions chaudement recommandé les deux premiers : ¡En er mundo ! 1 / ¡En er mundo ! 2.
Claude Worms
Programmes des disques
Report digital réalisé par Patrice Champarou
1) "Concert flamenco enregistré à la Foire Internationale de New-York - composition et guitare : Juan Serrano
1) "Almoaci" (zambra) / 2) "Chapines" (zapateado) / 3) "Altozano" (siguiriya) / 4) "Salinas (alegrías) / 5) "Cortesía Alix" / 6) "Ameno" / 7) "El emigrante" / 8)
"Inolvidable" / 9) "Espanada" (soleá).
Report digital réalisé par Patrice Champarou
2) "Le monde du flamenco" - composition et guitare : Juan Serrano
1) "Reloj flamenco de Córdoba / 2) "Soleares - posadas" / 3) "Siguirillas - majestuosas" / 4) "Bulerías - festeras" / 5) "Serranas - de las ermitas" / 6) "Peteneras - de Paterna" / 7) "Tanguillos - chufleros" / 8) "Zambra - marroquí" / 9) "Zapateado - de Venegas" / 10) "Sevillanas - de Luisa" / 11) "Tarantas - de Nana" / 12) "Alegrías - cordobesas".
Site réalisé avec SPIP 4.3.2 + ALTERNATIVES
Mesure d'audience ROI statistique webanalytics par