Passionnée de dessin dès son enfance, Prisca Briquet étudie diverses techniques et expressions graphiques comme le design, la bande dessinée, la photographie, le dessin… à l’Ecole Supérieure des Beaux Arts et de la Communication de Pau. Elle travaille à ses débuts comme graphiste-designer pour des industriels, et devient créatrice dans l’ univers prestigieux de l’ horlogerie. Sa première rencontre avec le flamenco en 2004 déclenche un coup de foudre absolu...
Eva Yerbabuena
... Elle décide de s’ investir totalement dans le flamenco : voyages, festivals, rencontres d’ artistes, jalonnent son parcours et nourrissent sa passion. Ces trois dernières années, la photographe connaît un succès explosif dans le monde du flamenco, aussi bien chez les aficionados qu’ auprès des directeurs artistiques des festivals, et surtout des artistes. Exposée au Festival de Mont-de-Marsan sur grands formats, à celui de Nîmes cet hiver, elle vient de créer l’ affiche du prochain Festival de Toulouse, qui en cache une autre…
Ce qui nous frappe à notre première rencontre avec Prisca Briquet, c’ est sa grande timidité mêlée à une grande sensibilité, que l’ on retrouve sur ses clichés.
Prisca propose un noir et blanc personnel et retravaille les forces des mouvements, des tensions, en jouant sur les noirs et les flous. La netteté n’ est plus une zone technique définie et figée mais un champ d’ échanges possibles, de relations, d’ accélérations, d’ apesanteur. Les amateurs du cliché pur non retouché sont aussi impressionnés par son travail, car on n’ y trouve pas d’ effet pour l’ effet. Son concept de travail sert toujours l’ artiste et l’émotion primaire qui s’ en dégage.
María Moreno / María Pagés
Elle nous révèle ses intentions :
"Ce que j’ aimerais, c’ est que le spectateur puisse regarder l’ une de mes photos comme je la vois car au départ, sur le premier cliché. Je sens déjà la matière de manière instinctive, je la renforce, la retravaille par couches successives (par exemple, l’ artiste passe par des tirages successifs retouchés à l’ encre de chine, puis scannés). Au final, cette photo est devenue un matériel composite travaillé par strates devenues invisibles. A partir d’ une matière vivante brute et instinctive, je crée une autre matière où je mets une part de moi-même et de mon instinct. C’ est un travail qui prend place dans un moment de plaisir pur, comme une méditation, car je suis très concentrée et je suis face à moi-même. Si mes expérimentations échouent, c’ est à moi que je dois rendre des comptes. Cette méthode de travail résulte de mes expériences professionnelles, elle s’ est construite au fur et à mesure. J ’aime ce rythme où l’ expérience te guide et finit par créer ton propre chemin. Ta démarche artistique se construit peu à peu au fil du temps. J’ ai travaillé avec des cahiers des charges très cadrés et ce qui me caractérise, c’ est d’ étudier les cadres pour mieux les transgresser au final. Je reconnais volontiers qu’ entre ma première photo et celles d’ aujourd’hui, c’ est le grand écart. Je suis très heureuse d’ être arrivée à ce résultat, et de mon parcours."
Au-delà des jeux d’ ombres, le noir a d’ abord une densité, il crée un relief d’ énergie comme celui d’ une sculpture. De plus, certaines parties des clichés brillent comme le fusain, l’ encre de chine, une laque chinoise, le marbre ou un métal dépoli, inspirés peut-être par Soulage. Les corps des artistes sont tendus et vibrent encore de leur mouvement. Ils sont à fleur de peau. Ce travail du matériau photographique est issu de ses expériences dans le graphisme industriel et s’ est enrichi de ses propres expérimentations : tirages différents, collages, dessin, peinture, mouillage, programme informatique… L’ élément final surgit ainsi d’ une aventure intérieure : "Je retranscris ce que j’ ai sous les yeux et qui capte mon attention. Le matériau photographique est une base de travail pour moi, je ne fais pas de photo de danse, encore moins de concert. La photo finale est le fruit de mon ressenti à la prise de vue, combiné à celui de mon vécu lorsque je la retravaille."
Rocío Molina
Ce message émotionnel a toujours été présent dans la vie de Prisca, il fait partie intégrante de son tempérament. Ses dessins d’ enfants lui permettaient de transmettre des émotions et de les prolonger dans le temps. Son travail nous permet de saisir ces étincelles de scène offertes par les artistes.
"Les grands artistes sont des perfectionnistes : Israel Galván, Eva la Yerbabuena, Rocío Molina… sont d’ une grande exigence. On sent bien que sous la fluidité émotionnelle des mouvements, se cache quelque chose de magique. Leur perfectionnisme en est un vif extrait. Le geste parfait nécessite des heures de travail intense. Ce souci du détail me fascine".
Prisca a un style très particulier, mais ne compte pas rester figée. Elle est en constante réflexion et toujours en quête de nouvelles expériences : "Aujourd’hui je rêve de mettre mes photographies en mouvement. J’ ignore encore quelle sera mon approche, mais le support vidéo m’ intéresse. Je souhaiterais réaliser quelques petits tournages simples, les monter et créer quelque chose en relation avec ma démarche actuelle."
Si le potentiel de la sensibilité de Prisca est égal à celui de la mine d’ un crayon, sa rencontre avec le flamenco sert autant cet art que celui de la photographie : leur point commun est qu’il n’ y a pas de compromis. Leur caractère entier laisse jaillir tous les sentiments, et de cette spontanéité naissent des moments authentiques.
Muriel Mairet
Photos : Prisca Briquet
Suite de la visite...
José Valencia
Olga Pericet / Pastora Galván
Israel Galván
Belén Maya
David et Alfredo Lagos
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