mardi 22 novembre 2011 par Maguy Naïmi
Peter Knapp : "Flamenco (Photographies. Mont-de-Marsan)" : Atlantica / Séguier, Biarritz, 2011
Manuela Papino : "Le flamenco Peter et moi" : Atlantica / Séguier, Biarritz, 2011
Peter Knapp : "Flamenco"
Photographies. Mont-de-Marsan
Textes : Manuela Papino
Le livre de Peter Knapp s’ ouvre sur une phrase de Carlos Saura , un des cinéastes les plus emblématiques de son époque, passionné par le flamenco qu’ il a mis au cœur de nombreuses réalisations : "Nous vivons dans un pays de contradictions qui n’ a pas du tout pris soin de ses traditions les plus importantes", et sur une page manuscrite du photographe lui même, qui évoque l’ occasion qui s’ est présentée à lui de faire une comparaison entre un reportage réalisé il y a trente ans au Rocío et un festival d’ aujourd’hui. D’ emblée, le ton est donné : il ne s’ agit pas seulement d’ une suite de clichés sur un des festivals les plus connus, celui qui a lieu au début de juillet dans la ville de Mont-de-Marsan, mais aussi d’ un livre de réflexion, sur la place du flamenco actuel, ses références à la tradition et ses accents de modernité.
Dans la première partie "Les plasticiens, le flamenco à Mont-de-Marsan", les photos en couleur (celles extraites du film « Sevillanas » de Carlos Saura, "Tendance floue" de C. Dabiche, et celles des coulisses du festival), alternent avec les témoignages historiques (Federico García Lorca et Buñuel, dessin de Federico García Lorca) et les clichés en noir et blanc (Benjamin Flao, et un extrait du film vidéo de Peter Knapp ). Manuela Papino, qui assure la partie textuelle de l’ouvrage, nous rappelle l’ expérience introduite en 2009 par le directeur, François Boidron : il s’ agissait d’ organiser des résidences pendant le festival, et Carlos Saura avait été choisi pour parrainer le projet. En 2010, on a pu voir le résultat de cette première résidence avec le travail des deux photographes du collectif "Tendance floue". 2011 a vu le dessinateur Benjamin Flao et le scénariste Christophe Dabitch s’ inspirer de letras de Soleá pour créer une BD. Tous ces artistes visuels en résidence donnent selon Manuela Papino "une singularité particulièrement vivante et stimulante" au festival Arte Flamenco de Mont-de-Marsan.
Mais c’ est de toute évidence la rencontre avec Peter Knapp qui a été pour elle l’ événement le plus important. Ce photographe de grande expérience, plutôt habitué à photographier "les plus belles femmes du monde" (selon ses propres dires) n’ avait (de son propre aveu) jamais fait une photo de flamenco. Mais porté par sa curiosité, il a accepté le défi de cette semaine de résidence. La question à résoudre : comment restituer le mouvement, le son ?
La deuxième partie de l’ ouvrage présente 18 photos en noir et blanc accompagnées d’ une ou deux phrases du photographe en guise de légende. Celles-ci n’ ont rien à voir avec les photographies présentées habituellement dans les livres sur le flamenco : plan rapproché sur Rafael Amargo (pilosité, tatouages, geste de la main), gros plan sur sa main et la partie intérieur de son bras où l’ on découvre tatoués des dollars, un dé, un cœur et des cartes à jouer, nous révélant par là même une partie de sa personnalité. Rafael Amargo est photographié de profil, la tête renversée comme un mannequin de mode. Gros plan sur Angelita Vargas, dont le regard se perd, le visage luisant creusé de rides, la bouche entrouverte sur une respiration. Tout en elle évoque la difficulté du travail accompli sur scène, la concentration de l’artiste entre les "tercios". Juana Amaya de profil, en sueur, n’ est pas en reste. Elle semble tournée vers l’ intérieur, au bord de l’ évanouissement. Visage en contre-jour ("sans contre-jour, pas d’ ombre, pas de regard, pas de crinière, pas d’ image", nous dit Peter Knapp ). Celui de Manuel Molina : visage de vieillard qui assume ses cheveux et sa barbe blanchis, ses rides, et qui nous fait penser à Moïse. Sa main pourtant, semble celle d’ un jeune homme, et comme le dit le photographe, "souvent, c’ est la main qui dénonce l’ âge, mais pas celle de Manuel Molina". Beauté du portrait en clair obscur d’ Arcángel, lumière qui met en valeur le corps incliné d’ Andrès Marín et les longs cheveux de Jairo Barull. Nous retrouvons avec plaisir Juana la del Pipa, qui "crève l’écran", comme on a l’ habitude de le dire pour le cinéma. Toute l’ énergie, toute la joie de vivre de ce personnage au physique et à la voix impressionnants se retrouvent dans les deux clichés qui lui sont consacrés.
Dans la troisième partie, "Projet, réalisation, ambiance, spectacle", Manuela Papino évoque le travail de Peter Knapp.Ce dernier refusera de privilégier les artistes et photographiera élèves, corps de ballet ou "estrellas", mais, souligne-t-il "ses photos en studio ne sont pas meilleures que celles réalisées sur scène", car en studio, "ils sont en attente". Cette partie s’ ouvre sur les dessins de Peter Knapp. On y voit les artistes en coulisse, les élèves des stages de danse et des cours de palmas, ainsi que des scènes nocturnes dans les bars du festival off, des gros plans sur certains visages (dont celui, émouvant, de Pierre Pradal), sur les mains en train de frapper les rythmes (mains nerveuses ou puissantes). Une grande place est laissée au texte de Manuela Papino, qui nous explique la démarche de Peter Knapp. Pour elle il est "un concepteur" : "c’ est peut- être dans les dessins que Peter effectue lors de la conception initiale du projet qu’ on peut voir la globalité de sa "vison", dont la photographie, la vidéo, ou tout autre outil approprié ne sera finalement que le moyen de réaliser ce qui a d’abord été conçu". Elle lui donne la parole, car qui mieux que lui serait capable d’ expliquer son travail.
"Je suis allé à Mont- de- Marsan, j’ ai regardé la ville, les lieux, et j’ ai fait des dessins en suggérant qu’ on projette le film sur le château"… "La projection, c’ est la nuit : je vais essayer de relier mes images avec la nuit, d’ y faire apparaître des mains, des détails extrêmement agrandis, de la manière dont on regarde les choses, parce que notre regard n’ a rien à voir avec la photographie". Après quatre jours de photos, nous dit Manuela, "il décide de passer à la vidéo" et d’ interviewer de nombreuses personnes (festivaliers ou artistes). Au fil de ces interviews, il découvrira que les letras de flamenco dans un même chant n’ ont pas forcément de cohérence dans leur succession. Le commentaire de Manuela sur les letras nous a semblé particulièrement intéressant. Elle écrit : "s’ il est vrai que le public français ne comprend pas toujours les paroles, le public espagnol de flamenco, lui, connaît généralement tout ce répertoire par cœur : l’émotion vient donc aussi de la mémoire, celle qui ravive le souvenir d’ un artiste de référence, d’ une grand-mère ou d’ une tante qui leur chantaient cette letra".
La dernière partie, "Tout le monde sur scène", présente des superpositions de deux ou trois clichés du même artiste en mouvement dans les lumières des spots. Ils rendent compte de l’ intensité de leur prestation sur scène. Les longs cheveux de Nazaret Reyes en mouvement, dans un camaïeu de bruns, rappellent la crinière des chevaux. Juana Amaya en rouge et noir semble communier avec son public. Certaines superpositions sont de véritables compositions dignes d’ un peintre. Deux clichés, celui de Manuel Molina dans la lumière blanchâtre d’un spot (cheveux blancs, chemise blanche sur fond noir), et celui d’ un technicien anonyme dans la coulisse se détachant dans une obscurité parcourue par un trait de lumière venu du dehors, s’ inscrivent dans un même triangle de lumière et forment un tout. Les deux semblent en noir et blanc et pourtant les couleurs sont là, subtilement présentes.
Deux artistes, Juana la del Pipa et Arcángel, ont séduit Peter Knapp, et ce n’ est guère étonnant, car ce sont deux artistes hors norme. La description qu’ en donne Manuela nous semble pertinente. Elle parle d’une Juana "heureuse et généreuse", et rappelle qu’ elle fait partie de ces artistes "de l’ ancienne génération, ceux qui ne savent pas ce que c’ est qu’ une école de danse, et pour qui le flamenco représente l’ héritage qu’ ils ont reçu de leur famille". Juana a une voix "qui mêle les sons rauques et noirs". Elle évoque également Arcángel "dont l’ amplitude des connaissances se double d’ une technique limpide et élaborée, et d’ un travail de recherche sans cesse renouvelé, au service d’ une voix inimitable".
Nous laisserons au lecteur le soin de découvrir les autres artistes photographiés sur scène, ainsi que les participants au festival off.
Ce livre nous a surpris car il porte un regard singulier sur le flamenco. Nous sommes loin des ouvrages habituels. Ici, le texte prend toute sa place et tente d’ expliquer la démarche de l’ artiste. Manuela Papino a emboîté le pas du photographe Peter Knapp, l’ accompagnant dans sa découverte d’ un univers fort éloigné du sien, et c’ est ce qui rend l’ ouvrage original. Plus qu’ un album de photos, il s’ agit d’un "road movie", d’ une déambulation diurne et nocturne dans un Mont - de- Marsan festif. Nous avons l’ impression de suivre nos deux protagonistes (Manuela et Peter) dans leur périple, de nous introduire derrière eux dans le monde en noir et blanc ou en couleurs des artistes et festivaliers.
Maguy Naïmi
"Les photographies sont une mémoire, elles appartiennent elles aussi au passé. Bien vivant reste le prolongement de la rencontre (...) et le plaisir du partage de ces instants de flamenco qui finiront dans la boîte à chaussures et un autre livre, "Peter Knapp Flamenco Photographies"."
"Le flamenco Peter et moi" forme donc un diptyque avec l’ ouvrage précédent (cf : ci-dessus). Reprenons l’ image de Maguy Naïmi : un road-movie dans les coulisses stratégiques, théoriques et humaines de la réalisation du projet de Peter Knapp pour le Festival Flamenco de Mont-de-Marsan. On y retrouvera quelques photographies en noir et blanc extraites de "Flamenco", mais surtout un développement substantiel des commentaires qu’ y apportait Manuela Papino.
Le titre dessine un triangle : au sommet le flamenco, et à la base deux fortes personnalités aux prises avec cet objet singulier. L’ une, spécialiste du flamenco ; l’ autre, un maître de l’ image qui découvre pratiquement cet univers musical à l’ occasion de sa résidence : nous aurons donc un récit - analyse complexe, qui tisse un réseau de relations mouvantes entre le flamenco et chacun des deux protagonistes, et entre Peter Knapp et Manuela Papino à travers le flamenco (sans compter que ce dernier n’ est pas insensible non plus aux réactions qu’ il provoque, comme le souligne l’ auteur...).
Manuela Papino pourrait être le lieu géométrique commun aux trois pôles du triangle : elle a longtemps été bailaora et chorégraphe professionnelle (flamenco) ; sa formation universitaire l’ a conduite à se spécialiser dans l’ image et l’ analyse filmique (Peter) ; nos lecteurs connaissent déjà la critique attentive et passionnée du flamenco contemporain, en particulier du baile, mais ignorent peut-être qu’ elle a travaillé à des synopsis de spectacles et à des adaptations pour Andrés Marín et Ramón Bocanegra (moi). Il serait tentant de voir dans le plan tripartite du livre une mise en oeuvre de notre triangle, avec les équivalences suivantes : "Introduction" / flamenco ; "Peter Knapp. Rencontre avec le flamenco" / moi ; et "Peter Knapp. Dialogue autour du flamenco" / Peter. Si cette grille de lecture nous semble à peu près valide, elle est cependant loin d’ épuiser la richesse du texte, dont la fluidité (un terme qui revient souvent sous la plume de l’ auteur) décèle de mystérieuses voies de passage et éveille d’ innombrables résonances harmoniques entre les trois pôles. Le lecteur attentif y apprendra en tout cas beaucoup, et y trouvera ample matière à réflexion, tant sur le flamenco que sur les arts de l’ image - pas seulement la photographie, mais aussi le dessin, le film...
Nous nous en tiendrons cependant à notre approche tripartite, pour insatisfaisante et réductrice qu’ elle soit.
L’ introduction présente le flamenco sous un angle original et cohérent avec les deux autres chapitres, celui de "la perception des spectateurs", "dans un foisonnement de passions exacerbées ou dans cette observation intérieure presque silencieuse et envoûtante". Partant de l’ hypothèse que l’ évolution du flamenco est pour partie la conséquence des discours qui ont été successivement tenus sur lui, l’ auteur en trace un historique, de l’ engouement européen du XIX siècle pour la danse "espagnole" ou "andalouse" jusqu’ à sa récente accession au titre de patrimoine immatériel de l’ humanité, en passant par l’ "antiflamenquisme" des intellectuels des générations de "98" et "14", l’ entreprise de retour aux sources "pures" du concours de 1922 (accompagnée par les textes théoriques de Manuel de Falla et Federico García Lorca - le long passage consacré à la conférence "Juego y teoría del duende" de ce dernier n’ étant pas dénué de quelques touches de saine polémique), la "récupération" touristo - franquiste, l’ intégrisme gitanophile du duo Antonio Mairena / Ricardo Molina ("Mundo y formas del cante flamenco") et les travaux enfin plus rigoureux de ces trente dernières années. Chemin faisant, l’ auteur rencontre inévitablement la querelle des anciens et des modernes, dans notre contexte celui des "puristes" et des "révolutionnaires". Une querelle qui concerne d’ ailleurs plus les théoriciens ou les orfèvres du marketing que les artistes : dans un art de tradition orale aussi marqué par la dialectique individu / groupe, les artistes de quelque valeur se réfèrent toujours, consciemment ou non, à une tradition (une transmission orale sécrète toujours des traditions), mais en donnent toujours (là encore, consciemment ou non) une version irréductiblement individualiste, peu ou prou "révolutionnaire". Le couple Juana del Pipa / Árcangel en constitue un bonne illustration (qui est finalement le plus "révolutionnaire" des deux, sur scène, sinon par leur musique, du moins par leur "présence" - ces deux vecteurs de l’ émotion étant de plus indissociables ?), et constitue une sorte de fil conducteur de l’ ouvrage, Peter Knapp les ayant retenus comme ses deux souvenirs forts du festival 2010 : "D’ autre part, il était significatif de constater que sans aucune connaissance "technique" du flamenco, l’ intuition émotive et visuelle de Peter avait su discerner les points forts de la semaine, de façon tout aussi judicieuse que s’ il avait été un expert en la matière."
Finalement, "le flamenco a cependant beaucoup changé au fil du temps. L’ histoire qui l’ a accompagné a modelé la perception des spectateurs, depuis la famille, public actif, en passant par les théoriciens jusqu’ au public de spectacle, auxquels il faudrait ajouter aujourd’ hui, les différentes institutions et les programmateurs. Les idées et l’ image qu’ ont véhiculées ces différents acteurs ont provoqué diverses identifications et diverses attentes qui ont aussi contribué à façonner le flamenco présenté aujourd’ hui". Les résidences organisées par le Festival Flamenco de Mont-de-Marsan sont ainsi des sortes de travaux pratiques portant sur les hypothèses de Manuela Papino (à quand un livre consacré à cette problématique ?), d’ autant plus instructives qu’ elles concernent des artistes "visuels". L’ auteur esquisse une rétrospective des résidences précédentes, avec Carlos Saura (l’ analyse de son oeuvre flamenca est particulièrement passionnante - Manuela Papino en est une spécialiste), le collectif "Tendance floue", le dessinateur Benjamin Flao et le scénariste Christophe Dabitch. "Cependant, ce fut Peter Knapp qui se révéla être véritablement la rencontre la plus innatendue."
L’ auteur a sûrement trouvé dans cette rencontre matière à réanimer un intérêt pour le flamenco émoussé par "une expérience professionnelle dont les vagues incessantes (avaient) commencé à limer quelque peu l’ enthousiasme frénétique de mes débuts". La "curiosité" communicative de Peter Knapp, qui le porte à accepter "le défi de cette semaine de résidence", a visiblement eu raison du scepticisme légèrement désabusé de l’ auteur (" ... la réalité n’ en était pas moins celle d’ une nouvelle aventure journalistique qui pourrait peut-être se confondre sans surprise avec l’ une des multiples expériences devenues un quotidien souvent privé d’ excitation"). La deuxième partie du livre porte donc sur la manière dont Peter Knapp et Manuela Papino vivent cette expérience, et sur la stratégie du photographe - dessinateur - vidéaste pour définir puis mener à bien son projet. Nous nous attarderons sur ce dernier point, le précédent faisant aussi l’ objet, sous divers "angles de prises de vue", du dernier chapitre.
Peter Knapp fut à Zurich l’ élève de Johannes Itten, qui avait enseigné au Bauhaus de 1919 à 1922 : c’ est dire qu’ il adhère à une méthode de travail selon laquelle la fonction génère la forme, et donc l’ outil et son usage. D’ où l’ importance de la "commande" : "Quand l’ artiste ne travaille que sur sa thématique, il risque d’ être maniéré, de se répéter et de s’ accrocher à son style. quand une commande vient, il y a un déplacement qu’ on n’ aurait pas fait sans elle, c’ est une autre approche d’ un travail et alors on entend une demande." Son projet était de photographier le flamenco, et non des artistes de flamenco. Donc, un au-delà de la musique et de la danse, et à fortiori du spectacle : "La sensualité comme elle est là, le son, le geste, la chaleur, ne peuvent pas être sur une image. (...) Le flamenco... ce n’ est pas une image ! Il peut y avoir des bons moments (...), mais ce sont des moments, ce n’ est pas le flamenco."
Peter Knapp s’ intéressera donc à la totalité flamenca de la semaine du festival, non seulement aux artistes et aux spectacles, mais aussi, et peut-être surtout, aux coulisses, aux spectateurs, "initiés" ou non, à la fête et à son cadre urbain. Une fois l’ objectif défini, établir un "constat" ("L’ art, c’ est les autres. Les artistes, ce n’ est pas de mon côté. Moi, je fais un constat"), commence un travail minutieux de préparation, qui fournira un cadre rationnel au sein duquel la création devient possible dans l’ instant. "Pour pouvoir se laisser aller à la spontanéité de son ressenti, il faut avoir construit auparavant un contexte global qui fait sens et dans lequel chaque axe de travail sera servi par un "outil" approprié." Parmi ces outils, le dessin, qui donne forme au projet, puis la photographie, la vidéo... "Donc, presque tout ce que je fais est précédé de dessins. Avant d’ attaquer, je dessine "ce que je crois que je veux faire", autour de quoi je veux chercher. Ce qui ne veut pas dire que ça ne se modifie pas en cours de route, mais au départ, je sais dire ce que je veux faire." Finalement, c’ est le montage vidéo des interviews, réalisées avec tous les volontaires spontanés qui se sont présentés, qui aura le plus intéressé Peter Knapp : "Je pense que ce que j’ ai fait en photo est probablement moins nouveau que ce que j’ ai fait en film. Je n’ ai pas vu quelqu’ un qui a approché le spectacle de si près pendant six heures." Ajoutons un commentaire : "approcher le spectacle" serait donc surtout approcher la spontanéité des réactions de ses spectateurs.
Pour épargner nos lecteurs, nous abrégerons un peu cette chronique qui appellerait pourtant maint autres commentaires. Nous nous contenterons d’ un florilège de la troisième partie, quelques extraits des entretiens de Manuela Papino avec Peter Knapp, qui leur donneront sûrement envie d’ en savoir plus :
"Je n’ est rien vu de contemporain (dans le flamenco), mais ce n’ est pas non plus ce qu’ on cherche."
A propos de Juana del Pipa :
"Je n’ ai pas l’ impression d’ avoir fait une image de qualité du spectacle qu’ elle a donné ; ça ne se saisit pas formellement. Je ne crois pas. (...) Le hockey sur glace, quand vous êtes au bord de la piste, vous permet de vivre quelque chose qui ne peut pas avoir lieu autrement. Et là, le flamenco à ce niveau, c’ est pareil. Je crois que si je ne suis pas au bord de la scène, si ce n’ est pas presque touchable, sa robe par exemple, ça n’ est pas pareil."
"Ce que je peux dire, c’ est que j’ ai des souvenirs précis que je peux raconter jusqu’ à la fin de ma vie" (à propos du festival). A la question de Manuela, "Cela suffit ?", Peter Knapp répond : "Oui, parce que c’ est rare."
"Moi c’ est sûr, si on me redonne le budget d’ un film, je refais El Rocío. Je ferai du vrai. (...) Je ferai quelque chose d’ historique presque, pour que dix après on se dise : Tiens, c’ était comme ça."
Claude Worms
NB
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Des extraits peuvent être consultés sur le site des éditions Atlantica / Séguier :
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