XVI Biennale de Séville (2010) : reportage photographique

jeudi 11 novembre 2010 par Muriel Mairet

Arcángel et José Antonio Rodríguez

Pastora Galván

Fernando Romero et José Antonio ("Paseo por el amor y la muerte")

Arcángel et José Antonio Rodríguez

28/09 - Teatro de La Maestranza

Une rencontre entre deux univers musicaux distincts : les deux artistes nous ont fait découvrir un concert de flamenco très contemporain, riche en expérimentations originales, qui n’ a cependant pas toujours abouti à un discours très équilibré. Le cante d’ Arcángel, si empreint de Saetas, nous transporta dans un univers mystique. Dès lors nous nous attendions à un voyage hors du commun : effectivement, il nous dérouta parfois par des associations de styles divergents. Ce fut le cas de la Soleá, dans laquelle le chant d’ Arcángel ne trouva pas d’ histoire commune avec la guitare de José Antonio Rodríguez. Tandis que la Guajira revêtait joyeusement un style encore plus exotique que ses racines, les Fandangos s’ alourdissaient d’ effets sonores à notre goût exagérés. Un travail commun en demie teinte, sauvé par le respect mutuel entre les deux artistes.
La présence au baile d’ Antonio Canales fut saluée comme il convenait, ravissant le public d’ El Maestranza en quête de « chispas » flamencas.

« Pastora » / Pastora Galván

27/09 - Teatro Lope Vega

Voilà plus d’ un an et demi que Pastora Galván tourne avec son spectacle « Pastora », et bien qu’ il ait gagné en maturité et subi quelques transformations, nous regrettons que la scène du Lope de Vega n’ ait pas plus inspiré la danseuse. Dès son premier baile audacieux – tant par son costume de scène que par l’ humour de sa danse, le public lui était acquis, malgré la surprise que pouvait provoquer ce tableau. Pastora, une artiste en pleine maturité artistique, ose affirmer ses choix, son identité, jusque sur les scènes les plus prestigieuses. L’ audace a une fois de plus bien fonctionné, mais la bailaora devrait peut-être tenter de se renouveler, car l’ art est gourmant en nouveautés.

« Paseo por el amor y la muerte » / Fernando Romero – artiste invité : José Antonio

30/09 / Teatro Lope Vega

La création de Fernando Romero portait « La Divine Comédie » de Dante à la scène flamenca. Ce fut un voyage en effet, depuis le Purgatoire jusqu’ au Paradis, qui conduisit l’ artiste vers l’ au-delà. Le duo Fernando Romero - Dante / José Antonio -Virgile partagea une scène au découpage très précis, une mise en scène dramatique très soignée, une chorégraphie contemporaine témoignant d’ une recherche très aboutie, aux lignes flamencas épurées.
Un décor composé de murs percés de portes sur chaque côté de la scène laissait échapper le cante des anciens, plongeant le public dans un rêve collectif. Fernando –Dante, en proie à ses angoisses, n’ aurait-t-il pas exprimé la nôtre, celle de perdre un jour les racines du flamenco ? La confrontation entre le baile traditionnel de José Antonio et le style résolument contemporain de Fernando Romero pouvait nous conduire à le penser.
Arcángel, qui évoquait la mort, le temps et la mémoire, trois thèmes si liés au flamenco, nous rassura cependant par cette letra :

« Yo te quiero con el alma,

Y el alma nunca se muere ».

Ce fut une œuvre à la hauteur du Lope de Vega, qui eut le courage de s’ atteler à l’ adaptation flamenca d’ un chef d’ œuvre de la littérature universelle, sans en éluder la noirceur.

Muriel Mairet

Photos : Muriel Mairet





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