Veronica Vallecillo au Centre National de la Danse

mercredi 27 février 2013 par Nicolas Villodre

"Le vrai-faux film muet qui vous parle !" : création en résidence de Veronica Vallecillo

Centre National de la Danse : 20, 21 et 22 février 2013

Un pantin désarticulé, allongé au sol en position inconfortable, semble attendre l’ arrivée du bon public pantinois, au studio 3 du Centre National de la Danse. Une danseuse immobile, silencieuse, et à peine éclairée. Progressivement, des éléments vidéoprojetés sur les trois écrans réquisitionnés, celui qui nous fait face, le pan de mur côté cour ainsi que le plancher recouvert d’ un lino immaculé, animent l’espace-temps consacré à la performance de Veronica Vallecillo intitulée "Le vrai-faux film muet qui vous parle !". Une quarantaine de minutes, plus ou moins.

De nombreux extraits de films des années vingt en noir et blanc et muets font office de décor, et meublent à peu de frais une partie du cube mis à disposition pour la danseuse qui évolue tout d’ abord au sol : des classiques de l’ avant-garde comme Le Ballet mécanique de Fernand Léger, Le Sang d’un poète de Jean Cocteau, des citations de bandes soviétiques de Poudovkine et consorts, avec des gros plans de l’ acteur Mosjoukine (que Koulechov utilisa pour illustrer ses effets de montage par associations d’ idées), des paysages de mers démontées, des gros plans (cf. celui de l’ œil, du kino-glaz cher à Vertov) et des éléments graphiques comme ces pages ornées de messages cryptés en morse…

Enfin, la danseuse passe aux choses sérieuses en même temps qu’ à la station debout. Elle développe alors un assez long solo à base de mouvements empruntés au flamenco. Un flamenco stylisé, par conséquent, au deuxième degré mais aucunement maniéré. Une danse intériorisée, retenue, laconique. On peut se faire une idée du tempo en regardant l’ insert d’ un plan de pieds masculins chaussés de bottines qui marquent la mesure par des frappes des plus discrètes, feutrées, ouatées.

Ce n’ est certes pas le premier ballet en silence de l’ histoire. Serge Lifar en avait proposé dès les années trente. Mais l’ absence de musique à danser finit par produire ici l’ effet escompté en développant l’ imagination du spectateur, et en le laissant dériver vers le rêve, en attirant l’ attention sur des points de détail par d’ autres moyens que ceux qui nous sont habituels.

Nicolas Villodre





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