Derniers spectacles de la Biennale de Flamenco de Séville

mercredi 1er octobre 2008 par Manuela Papino

Article mis à jour quotidiennement avec les derniers comptes-rendus que nous envoie notre collaboratrice, Manuela Papino (voir en fin d’ article).

FRIDA KALHO : QUEL BON FILM ! N’EST-CE PAS ?

Le théâtre Lope de Vega, le 25 septembre, présentait le spectacle “Kahlo Caló” avec comme protagoniste, Amador Rojas. Le spectacle, qui débute avec une très jolie scène, por Alegrías, dans laquelle Amador Rojas fait une apparition spectaculaire dans le rôle de Frida, tombe très rapidement dans un très lourd plagiat du très joli film "Frida" de Julie Taymor, Alfred Molina, Salma Hayek et Geoffrey Rush. Quel dommage que le travail n’ait pas été poursuivi dans la direction initiale ! Malgré quelques moments de danse très intéressants - notamment l’interprétation d’ Ana Morales dans le personnage de la Mort, ainsi que certains passages étonnants d’Amador Rojas - le spectacle ne propose guère plus qu’une pesante adaptation (riche par la longueur…). Le découpage, on ne peut plus chronologique, accentue lui-même les difficultés d’adaptation et la lourdeur de "Kahlo Caló" :

Chapitre 1 : de 1907 à 1922

Chapitre 2 : de 1922 à 1927

Chapitre 3 : de 1928 à 1934

Chapitre 4 : de 1934 à 1939

Chapitre 5 : de 1942 à 1952

Chapitre 6 : de 1953 à 1954

Ouf…. A croire que la danse n’est pas un langage qui se suffit à lui-même. A l’intérieur de chaque chapitre, les scènes sont également soigneusement détaillées…Toutes ces explications didactiques viennent compenser un manque scénique qui n’arrive pas à restituer la personnalité si complexe de cette femme emblématique, qui incarnait la liberté et l’ énergie vitale. La culture mexicaine, si déterminante dans la vie de Frida Kahlo, ne se devine qu’à travers les costumes et les quelques chansons, une fois de plus extraites du film, aux dépens d’un flamenco qui n’arrive pas à s’imposer. La peinture, fondamentale pour Frida Kahlo, n’apparaît que par moments, sous forme de tableaux de petites tailles qu’on ne peut guère apprécier depuis la salle.

Le plus surprenant reste la signature de Pepa Caballero revendiquant "scénario et idée originale". A aucun moment il n’est fait allusion à une quelconque adaptation du film.

Il reste fort dommage que le scénario ne bénéficie pas d’un traitement artistique singulier, car le travail d’ Amador Rojas est d’un réel intérêt. On peut cependant féliciter qui de droit, pour avoir eu l’idée de travailler sur un personnage tel que Frida Kahlo. Le défi était certes très élevé. Ceci dit… A vos vidéothèques, elles sont remplies de futurs scénarios de flamenco !

Manuela Papino

Photo : Luis Castilla


SON DE LA FRONTERA : “COMO SON, SON”.

Le 28 septembre, au Teatro Central, les cinq de "Son de la Frontera" et leur invité David "El Galli", présentaient leur nouveau spectacle. Originaires de Morón de la Frontera, tous sont disciples de l’école de Diego del Gastor : première curiosité ! Sous une apparence très traditionnelle, se cache une série d’ autres curiosités qui restituent l’ originalité du maestro de la guitare. Raúl Rodriguez joue du "tres cubano", sorte de guitare à trois cordes boubles : il réussit à apporter au flamenco les influences de Cuba, d’ Inde, d’ Afrique …, qui intéressaient tant Diego del Gastor. Moi de Morón, le chanteur, propose un chant conforme à l’école classique des villages, accompagné par Paco de Amparo, qui ne s’écarte guère du style de son ancêtre Diego. Pepe Torres, le danseur, petit fils de Joselero, s’illustre tout particulièrement dans la Soleá, avec une allure antique et élégante, et une technique qui souligne la fin des cantes avec force et netteté. Enfin, le numéro de Manuel Flores, drôle et joyeux, amuse tant par le choix des paroles - "tu es belle mais vide" -, que par ses "pataítas", ou encore le rappel du légendaire mouchoir blanc de Morón : "je jette le mouchoir par terre et je me baisse pour le reprendre".

Un groupe avec une forte personnalité, "como son, Son", qui n’a pas oublié de présenter ses condoléances pour le maestro Mario Maya, avant de commencer le spectacle.

Manuela Papino

Photo : Luis Castilla


“TÓRTOLA VALENCIA” : ISABEL BAYÓN

Isabel Bayón présentait, le 29 septembre, la première de "Tórtola Valencia" au théâtre Lope de Vega. Carmen Tórtola Valencia est une danseuse aujourd’hui peu connue, née à Séville en 1885, qui "n’a jamais dansé le flamenco" mais qui avait une danse "exotique, mystérieuse, et surtout intuitive et très personnelle". Sa danse "était passionnée, séductrice, et se révélait, particulièrement pour l’époque, voluptueuse et scandaleusement sensuelle".

Le moment fort fut sans aucun doute la fin du spectacle, lorsqu’ Isabel Bayón offrit la scène à Matilde Corral, invitant Miguel Poveda qui chanta por Soleá pour la danseuse, qui n’avait pas fait d’apparition en public depuis de nombreuses années. Voir danser Matilde sur le chant remarquable de Poveda fut un privilège unique qui restera dans les mémoires. Isabel Bayón se fit discrète, très émue par la présence de la Maestra. Ce fut un grand hommage que Matilde conclut en faisant tourbillonner son célèbre châle, devant un public en larmes.

Manuela Papino

Photo : Luis Castilla


JOSÉ MERCÉ : “EN CONCIERTO”

Le 2 octobre à La Maestranza, le chanteur de Jerez fut on ne peut plus clair : "En concierto", ainsi s’intitulait le spectacle pour la Biennale de Séville. "C’est un concert traditionnel", déclara t-il. "Il n’y a aucun thème de mon dernier enregistrement. J’ai la chance énorme d’être apprécié du public, et de remplir les théâtres" : il en fut ainsi. "J’ai cinquante trois ans et je suis très satisfait de ma carrière", ajouta t-il. "Ce qui fait qu’un chant est "grand" ou "petit", c’est l’interprète. Je viens d’une dynastie flamenca, tu dois écouter les bases du chant pour pouvoir ensuite faire ce dont tu as envie".

Pour débuter le spectacle, José Mercé, courageux, se présenta seul sur scène, chantant por Martinete. Accompagné par El "Morao" à la guitare, il continua avec une Malagueña del Mellizo, puis une Soleá avec la guitare du fils, Diego del Morao, et enfin s’illustra avec la Siguiriya, avant d’inviter sur scène sa "famille du quartier de Santiago". Après une petite escapade por Fandango - "je suis un aigle royal et tant que je ne perds pas de plume, je ne cesserai pas de chanter", José Mercé et ses compagnons terminèrent "por fiesta", avec la petite danse à l’ancienne de « la Currita ». Traditionnel jusqu’au bout : ce fut sa façon de "respecter la Biennale de Flamenco". Après un premier bis por Bulería, il offrit au public ce qu’il espérait en chantant son traditionnel "Aire", pour la plus grande satisfaction d’un public sévillan qui venait écouter "lo de siempre" (ce qu’il connaissait par cœur).

Manuela Papino

Photo : Luis Castilla


JAVIER BARÓN : “DOS VOCES PARA UN BAILE”

Le 3 octobre, au théâtre Lope de Vega, Javier Barón célébrait l’anniversaire du Giraldillo de la danse qu’il reçut de la Biennale de Séville en 1988. Avec « Dos voces para un baile », présenté récemment à Chaillot, Javier Barón revint avec une nouvelle distribution : José Valencia et Miguel Ortega au chant, Javier Patino et Ricardo Rivera à la guitare et Antonio Molina « El Choro » et Juan Diego aux palmas et à la danse. La nouveauté résidait dans une utilisation permanente des deux jeunes danseurs qui faisaient office de « palmeros » ponctuant parfois la danse de Javier Barón ou le « compás » de leurs propres taconeos.

« C’est le chant qui mène le spectacle » déclara Javier Barón, représenté par les « deux voix » de deux des meilleurs chanteurs pour la danse, Valencia et Ortega, accompagnés délicatement et cependant avec présence par les guitares de Rivera et Patino, « mon bras droit », ajouta le danseur. « C’est un spectacle très didactique » dit-il, comme un voyage à travers les styles, depuis

le Martinete jusqu’à la Farruca, des Tangos aux Alegrías, passant par les Siguiriyas, les Soleares ou les Bulerías. Sans interruption, les musiciens, chanteurs et danseurs entrent et sortent avec discrétion, tournant autour de la figure de Javier Barón dont la présence est quasi permanente sur scène. Le propos est exposé en trois parties, qui débutent toutes par la voix off de Javier Barón, qui raconte, de façon brève et simple, comment il en est arrivé à danser, comment il a découvert les différents styles de chant et comment vint la maturité artistique.

Pour conclure, Javier Barón choisit la Soleá, développant une danse longue et complète, illustrant ainsi sa fameuse maturité. La danse fut alors le reflet d’une certaine tranquillité, après le long périple à travers tous les styles et la signature d’une identité classique et cependant très personnelle. Javier Barón, par une danse élègante et une présence qui emplirent la scène durant tout le spectacle, fut brillant. Affirmant son propos avec sensibilité et efficacité, son spectacle se termina avec deux voix pour une danse, Ortega, Valencia et Javier Barón.

Le bis reprit les Alegrías, peut-être parce que tous se trouvaient réunis sur scène autour de ce style, et peut-être aussi parce que ce fut la joie qui s’afficha, à la fin, sur le visage du danseur, qui apprécia manifestement son triomphe à la Biennale de 2008.

Manuela Papino pour flamencoweb.fr

Photo : Luis Castilla


ÁRCANGEL : SE CHERCHANT ENTRE L’ALPHA ET L’OMEGA

Le 4 octobre, au théâtre Lope de Vega, Árcangel venait honorer la Biennale de sa présence. Bien souvent maltraité par la critique, il semble qu’ Árcangel ait été attendu comme le meilleur élève de la classe, duquel on espère tant qu’il n’arrive jamais à combler les attentes. Ce n’est pas non plus correct d’employer cette image parce que ce fut, bien évidemment un artiste reconnu et aimé que reçut la Biennale de Séville dans le prestigieux Lope de Vega.

Avec un argument clair "De dónde venimos, adónde vamos" (d’où vient-on, où va-t-on ?), le chanteur de Huelva se présenta entouré d’artistes de grande qualité : Bobote, Eléctrico, Torrombo et les "Mellis" aux palmas, Agustín Diassera à la percussion, et les deux grandes guitares de Dani Méndez et Miguel Ángel Cortés.

Peut-être aurait-il dû se recentrer sur lui-même, et commencer par son brillant chant por Fandango de Huelva qu’il réserva pour le bis, au lieu de se perdre dans les mystérieuses origines du flamenco, en commençant le spectacle par un Pregón, style qui ne met pas en valeur sa voix aiguë. Les vidéos qui n’apportaient pas de sens ou remplies de clichés – malheureusement très à la mode cette année dans la Biennale - écrasèrent le chanteur, et gênèrent la concentration. Les palmeros n’eurent pas la possibilité d’offrir leurs fameux et tant attendu compás, et les guitaristes lui ravirent la vedette, au moins dans la première partie.

Cependant Árcangel eut quelques moments brillants de chant, surtout lorsqu’il voyagea dans les graves de sa voix. Il développa son propos dans les paroles du Fandango, esquissant la réflexion attendue : "oú va-t-on ?". Quel dommage que l’intention demeura dans un chant, seul sur scène, avec un enregistrement d’orchestre, nous laissant dans le "Où sommes-nous ?". La question était très intéressante, mais ce soir-là, elle resta sans réponse. Entre l’ alpha sans commencement et l’ oméga sans fin, nous nous sommes perdus. L’ ovation vint cependant après le bis por Fandango, que le public souhaita "très traditionnel". Chantant a capella en avant scène, le chanteur de Huelva fit encore une fois lever le public avec… le chant traditionnel de sa terre.

Manuela Papino pour flamencoweb .fr

Photo : Luis Castilla


CÁDIZ, JERÉZ, LEBRIJA, UTRERA, SEVILLA

Le théâtre Maestranza présentait le 5 octobre “De la mar al fuego”. Ce spectacle qui fut représenté pour la première fois en France au Festival de Mont-de-Marsan, est arrivé à Séville sans grand changement, si ce n’est un peu plus policé.

Les entrées et sorties de chaque groupe se firent avec plus de discipline, et Tomasito dans le rôle de présentateur (qui peut-être n’avait pas autant d’enthousiasme que la première fois malgré un public sévillan plus réceptif) présenta les deux protagonistes de chaque tableau, le chanteur principal et le danseur, de façon très méthodique. Chaque tableau reçut cette fois-ci le même traitement : personne ne chercha à se distinguer, si ce n’est par la qualité de sa prestation artistique.

Evoquant la couleur particulière de chacun des berceaux du Flamenco de l’Ouest, le spectacle se prolongea avec une "fin de fiesta" spectaculaire qui réunit tous les artistes sur scène. Animées par Concha Vargas qui dédia sa prestation à Mario Maya, les femmes présentes - Carmen Ledesma, Pepa de Benito, Inés Bacán (remplaçant El Lebrijano), Mariana Cornejo et Milagros Mengibar, transformèrent l’ambiance carrée et disciplinée du spectacle, en une "fin de fiesta" particulièrement animée et à la joie contagieuse, si l’on en juge par l’entrain de tous les artistes présents sur scène. Ce fut le retour à un flamenco spontané et amusant.

Manuela Papino

Photo : Luis Castilla


UN GRAND SPECTACLE DE RAFAELA CARRASCO

Au Central, le 6 octobre, Rafaela Carrasco présentait son nouveau spectacle « Vamos al tiroteo ». Nouvelle évocation scénique de l’ œuvre de García Lorca , le projet s’annonçait très risqué : un regard contemporain, et une lumière nimbée de gris argenté, pour un retour à 1931.

Dès son entrée en scène, Rafaela Carrasco nous immergea dans le souvenir, dansant vêtue d’argent, en une série de « flashs », sur le sol de carrelages anciens de la maison d’Encarnación Lopéz, où Lorca lui rendait visite. Entre rêve et réalité, la mise en scène, en blanc et noir, suggérait une invitation dans un salon ancien en compagnie de Lorca et de la Argentinita : une scénographie sobre, avec quelques détails originaux, soignés et très raffinés.

L’interprétation des chansons populaires de Lorca par La Tremendita fut remarquable par sa lecture singulière et par la sobriété de l’ accompagnement au piano, en écho à la couleur délicate qui enveloppait tout le spectacle.

La chorégraphie exprime, avec beaucoup de finesse et de subtilité, le propos des paroles de Lorca, sans laisser au hasard une seule seconde de danse. Non seulement Rafaela Carrasco ne se réfugie pas dans le chant pour porter le

discours, mais elle développe aussi la danse comme un véritable imaginaire qui ouvre une porte sur d’autres perspectives.. Elle danse par exemple sur la « Nana de Sevilla » au fond de la scène, comme une évocation d’un rêve lointain. Chaque chanson induit son propre concept, qui fait naître une danse sincère, profonde, intime et suggestive. Masculine, sensuelle, énergique ou discrète, la danseuse trouve toujours le geste juste. Le mouvement se fait vérité ; le mouvement c’est elle-même, et il est toujours d’ une évidence immédiate..

Les quatre danseurs qui l’entourent témoignent de la même rigueur chorégraphique et technique, que ce soit dans les Sévillanas avec « bata de cola », dans le joli tableau dansé derrière un rideau de « flecos » rouges, ou dans le spectaculaire numéro final où le groupe au complet se fait serviteur du compás et des éclairages. La bande sonore ancienne arrive à la fin comme un véritable hommage à la Argentinita et à Lorca, imposant avec pertinence la conception exceptionnelle de ce spectacle. Rafaela Carrasco déclara que « vivre le passé depuis le présent, c’est ouvrir le chemin de demain ». Pour la première fois à l’ issue d’ un spectacle de danse de la Biennale 2008, le public, debout bien évidemment, a ovationné « Vamos al tiroteo » jusqu’à ce que le rideau se baisse.

Manuela Papino

Photos : Luis Castilla


DIEGO AMADOR CUARTETO

Le talent des quatre musiciens combla le nombreux public du théâtre Central le 8 octobre dernier : Diego Amador au piano et au chant, Manuel de La Luz à la guitare, Chechu Sierra à la contrebasse et Israel Varela à la batterie. Avec force et fluidité, rage et humilité, la musique voyageait entre diverses influences, à dominante jazz, sans jamais perdre ses racines flamencas. Ronde, puissante et contrastée, la musique emplit la scène, et l’on pouvait imaginer un égyptien jouant du piano, un lord anglais jouant de la contrebasse et l’enfant sage jouant de la guitare, dans une de ces caves de jazz enfumées de Harlem. Ils jouèrent ensuite un Tango argentin qui paraissait sorti d’un film en noir et blanc, avec un léger accent amusant.

Le "véritable fils" arriva sur scène - Diego Amador Junior au cajón, bientôt rejoint par Raimundo Amador, invité surprise avec sa légendaire guitare, pour finir par une improvisation, créative, avec quelques références à de vieux standards de Jazz, à la musique classique, et à bien plus encore. La batterie du mexicain Israel Varela se révèla surprenante et riche, attentive et originale, accompagnant Diego Amador pour le bis, en un duo de questions -réponses complices, que l’on apprécia comme jamais.

Manuela Papino

Photo : Luis Castilla


ROCÍO MOLINA : ON ESPÉRAIT ENCORE PLUS DE LA PETITE PRODIGE

Un des rendez-vous les plus attendus de la Biennale 2008 était sans aucun doute celui du 9 octobre, au théâtre Lope de Vega. La première de "Oro viejo", le dernier spectacle de Rocío Molina, commença par une image conforme au style si singulier de la danseuse : debout sur une chaise dissimulée dans l’obscurité, Rocío dansait, et esquissait déjà le thème de son spectacle, avec un jeu de plans très frappant. "J’ai eu une horloge personnelle accélérée", déclara Rocío Molina. "A 24 ans j’ai fait le point. J’ avais besoin de m’arrêter, de m’asseoir, et d’ observer. En général, ce sont les personnes âgées qui le font. Moi, j’ai dévoré le temps depuis que j’ai 7 ans, et c’ est de

cette réflexion que vient le thème de mon spectacle". Ce spectacle est parfaitement soigné, et la danseuse l’incarne une fois de plus avec talent et singularité. Cependant, de Rocío Molina on espérait encore plus.

Rocío Molina annonçait "un contraste fort entre Paco Cruz et Rafael Rodriguez "el Cabeza", entre Laura Rozalén et moi" ; "un contraste entre les années 30 et maintenant". Peut-être ne s’ agit - il là que de détails, mais le rythme du spectacle comme sa structure globale ne reflétaient pas ces contrastes, et étouffaient leur impact.

Cependant, on peut toujours avec elle s’ attendre au plus inattendu, et Rocío Molina marqua très clairement sa différence, une fois de plus. Elle dansa une Guajira accompagnée divinement par "El Cabeza" : un vrai sketch, drôle, délicat et étrange, dans le plus pur "style Molina", (une leçon pour tous ceux qui, dans cette Biennale, proposèrent un travail suggérant que la danse ne se suffit pas à elle-même pour transmettre un discours.) Suivirent des Tangos avec chapeau de paille, qui laissèrent tout le monde bouche bée. Toute la première partie révéla un sens de l’humour subtil et narratif, reflétant le talent de la bailaora, à tel point reconnu que le Directeur de la Biennale justifiait sa programmation en la présentant comme "une figure" et "une référence".

Par le nombre de ses créations, la conception du scénario et le dessin chorégraphique ( et cela sans parler de la danseuse qui nous laisse depuis déjà des années sans voix ), Rocío Molina s’impose, aujourd’hui, comme une grande artiste complète : "une figure et une référence", cela ne fait aucun doute.

Manuela Papino

Photo : Luis Castilla


GALA DE CLÔTURE DE LA BIENNALE DE SEVILLE :

LE MAESTRO ENRIQUE MORENTE AU THÉÂTRE MAESTRANZA

Le 11 octobre, Enrique Morente avait l’honneur et la grande responsabilité de clôturer la biennale 2008, après un mois de spectacles sans répit. Chanteur « conceptuel », Enrique Morente est l’un des artistes les plus importants d’aujourd’hui, par ses recherches esthétiques qui ont révolutionné le chant flamenco. Ses concerts en revanche, ne font pas toujours l’unanimité, du fait de leur exigence et des difficultés de compréhension qu’elle implique. C’est peut-être pourquoi Morente a présenté une première partie très traditionnelle - Alegrías, Soleá, Malagueña…, seul avec Pepe Habichuela sur l’énorme scène de la Maestranza, ponctuée de rappels de ses nombreux enregistrements. Ce programme justifiait le titre du gala, « Flashback » : « Voilà ce qu’il y a » dit Morente au milieu du concert, « j’ai donné ce titre au paquet ! ».

Une partie du public avait quitté la salle lorsque débuta la deuxième partie. C’est fort dommage, parce qu’il dédia le « Aleluya » de son disque « Omega » « au génial artiste Mario Maya ». L’émotion fut grande, Enrique Morente donna tout ce qu’il avait dans chaque refrain, avec une douleur, un sentiment, un cri, chaque fois différents : un hommage à celui qui est resté dans le passé, et un hymne au futur.

Le son, désespérément mauvais, nous empêcha de profiter pleinement du concert : surprenant pour une salle de spectacle comme la Maestranza. Morente est revenu pour un bis (ses Tangos « que se me va, que se me va… ») …et il s’en est allé. Une nuit de clôture sans grande surprise, qui cependant aurait été très réussie sans la confusion sonore due à la technique (qui fut décidemment bien défaillante durant cette Biennale).

Manuela Papino

Photo : Luis Castilla





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