"El cante de Pedro Jiménez ’el Pili’" / "Panorama du cante flamenco"

jeudi 25 mars 2021 par Claude Worms

El Pili : "El cante de Pedro Jiménez ’el Pili’" – LP Zafiro ZL-71, 1964.

"Panorama du cante flamenco" – LP EMI / La Voix de son Maître HTX 40421, 196 ?

Pedro Jiménez "el Pili" (Madrid, 1908-1983) est l’un des nombreux cantaores qui se contentèrent d’exercer humblement et dignement leur métier, au sein de troupes de ballet flamenco prestigieuses — dans son cas, essentiellement celles de Pilar López et de Rosario en Antonio. S’il n’a certes pas marqué l’histoire du flamenco, cet album prouve éloquemment qu’il pouvait s’approprier de manière personnelle, avec probité et sobriété, les styles de Tomás Pavón (soleares), Manuel Torres (siguiriyas) ou Manuel Vallejo (taranta).

Comme beaucoup de ses collègues (cf. Jacinto Almadén, Rafael Romero, Domingo Alvarado, Enrique Montoya, Chinín de Triana, etc.), il enregistra surtout aux USA et en France à l’occasion des tournées auxquelles il participa, sans jamais connaître en Espagne la reconnaissance qu’il aurait amplement mérité :

• "Flamenco" : Esoteric Records ES-2001, avec Mario Escudero et Alberto Vélez (1952)

• "El Pili and Chinín de Triana with Mario Escudero and Alberto Vélez" : Esoteric Records ES-543 (1956)

• "Chant et danses flamencos" : La Boîte à Musique CD 344, avec Luis Heredia (1958)

• "Flamenco Fire. Enrique Montoya, El Niño de Alicante (Mario Escudero) with El Pili and Flamenco Ensemble" : Tradition Everest TR-2087 (date ?)

Pour le présent album, il est accompagné par son frère, José Jiménez "el Vallecano" et Araceli Vargas Escudero "Vargas Araceli" (León, 1929 - Madrid, 2019), la bailaora et jaleadora enthousiaste restant définitivement anonyme. Un cantaor madrilène associé à un guitariste madrilène et à un guitariste de Castilla y León ? ! ? : "et tout ça, ça fait d’excellents flamencos", dirait sans doute José Manuel Gamboa s’il connaissait le répertoire de Maurice Chevalier — d’ailleurs, nous ne serions pas surpris qu’il le connaisse.

PS : Chantal Maria Albertini nous envoie ce témoignage :

"Je l’ai très bien connu, lors de ma jeunesse madrilène, en réunions privées dans les petits salons de Villa Rosa ou chez le peintre Manuel Viola... Il a longtemps chanté pour Pilar Lopez. Il avait une fille, Adela Jiménez, bailaora et cantaora de grand talent, qui fut un temps la compagne d’Antonio El Chaqueta.

Dans les années 1958/60, un concert privé eut lieu à l’ École Normale Supérieure, organisé par Pierre Lefranc, avec El Pili, Adela et la guitare de Araceli Vargas. Un petit enregistrement fut fait d’une partie de ce concert, que j’ai encore en ma possession.

El Pili était un chanteur sans fioritures, doté d’une voix puissante, intense, déchirante.

Très indépendant, épris de liberté,les mondanités lui étaient étrangères. C’est peut-être pourquoi le "mundillo flamenco" ne le reconnut pas toujours comme il l’ aurait mérité !

J’ai su, par des amis communs, qu’il mourut dans la misère...

Dans le film ’Duende y misterio del Flamenco’ (Edgar Neville, 1952), El Pili chante une toná pour Antonio à Ronda".

Ludovic Pautier nous donne l’URL YouTube de la séquence (cf. ci-contre). Merci les amis !

Programme du disque

Chant : Pedro Jiménez "el Pili"

Guitare : José Jiménez "el Vallecano" et Araceli Vargas

"Qué duquela más grande"
"Mi único espejo"
"Fandangos a la guitarra"
"Válgame Dios no le temes"
"Las llamas llegan al cielo"
"El domingo la vi en misa"
"Zambra a la guitarra"
"Ya la sangre le chorrea"
"Que bastante te he querido"

"Qué duquela más negra" - siguiriyas (Manuel Torres)

"Mi único espejo" – bulerías

"Fandangos a la guitarra" (Araceli Vargas)

"Válgame Dios no le temes" – soleares (Joaquín "el de la Paula", versions de Tomás Pavón)

"Las llamas llegan al cielo" – taranto (Cojo de Málaga) et taranta por taranto (El Frutos de Linares)

"El domingo la vi en misa" – guajiras

"Zambra a la guitarra" (José Jiménez "el Vallecano)

"Ya la sangre le chorrea" – saeta

"Que bastante te he querido" – fandangos por soleá

Aussi improbable que sa photo de couverture, le programme de ce disque à prétention anthologique nous propose une classification des cantes que nous ne commenterons pas :

• Cante jondo : caña, polo, serrana et saeta.

• Cante flamenco : media granaína, granaína, tarantas, malagueñas de Juan Breva (baptisées verdiales), bulerías (baptisées cantiñas malagueñas), sevillanas et tanguillo (tirant vers la rumba).

• Cantes dérivados : fandangos et colombiana.

Les couplages sont eux aussi fantaisistes, mais ils ont l’avantage de nous restituer des enregistrements, tirés de diverses compilations antérieures que nous avons renoncé à identifier, d’artistes dont la discographie disponible est des plus réduite.

Nous ne reviendrons pas sur la biographie de Roque "Jarrito" Montoya (San Roque, 1925 - Marbella 1995), dont nous avons déjà traité dans cette même rubrique (cf. ci-dessous). L’accompagnement de Luis López Tejera "Luis Maravilla" (Séville, 1914 - Alicante, 2000) est comme toujours un modèle de buen gusto. Jesús Perosanz Sierra "Jesús Perosanz" (Madrid, 1907-1985) et Juan Antequera López "Tomás de Antequera" (Valdepeñas, 1920 - Madrid 1993) se sont surtout illustrés dans l’Ópera flamenca et le cuplé, ce qui leur vaut sans doute l’oubli (ou pire, le mépris) dans lequel ils sont tenus par les aficionados purs et durs (d’oreille ?). Rappelons une fois de plus qu’il n’existe pas de "voix flamenca" et que l’on peut être aussi ému, selon l’humeur du moment, en écoutant leurs interprétations de la serrana ou de la colombiana (deux délectables bijoux) que celles de siguiriyas et de soleares par Agujetas — il n’existe que deux sortes de musique flamenca, la bonne et la mauvaise, comme disait...

Jesús Perosanz a été révélé par sa participation à la création, en 1928, de "La copla andaluza" (Antonio Quintero et Pascual Guillén) au Teatro Pavón de Madrid. Il enchaîne dès lors ce type de spectacles, ce qui ne l’empêche pas d’enregistrer d’excellents 78 tours de cante avec Manolo de Badajoz (1929-1930). Il émigre en Argentine pendant le Guerre Civile, et s’installe à Buenos Aires où il restera jusqu’au milieu des années 1950. De retour en Espagne, il reprend la "Copla andaluza", notamment avec Roque "Jarrito" Montoya, puis est engagé au tablao Las Brujas et dans les troupes de Rafael Farina et de La Paquera de Jerez. Le style de Paquito Simón (Barcelone, 1931-197 ?), une version dépouillée de celui de Ramón Montoya, lui convient parfaitement.

Enrôlé dans l’armée républicaine, Tomás de Antequera combat sur le front de Madrid où il divertit à l’occasion ses camarades en organisant des spectacles de cuplés. Son engagement politique et son homosexualité le désignent, comme son collègue Miguel de Molina, à la vindicte du régime franquiste et de la Phalange — sa fréquentation assidue du "Molino Rojo" de Lavapiés, haut-lieu du "stupre" madrilène où se produisirent rien moins qu’Estrellita Castro, Lola Flores ou La Chunga, n’arrange rien. Il fut heureusement relativement protégé par son succès populaire (selon les chiffres de la SGAE, "Doce cascabeles", entre autres, fut numéro 1 des ventes en 1952-53). Et le cantaor mérite une oreille attentive.

L’incursion de Manuel González Lora "Cojo de Huelva" (Huelva, 1900 - Alcalá de Guadaira, 1955) dans le casting de ce disque reste un mystère, d’autant que ce spécialiste des fandangos n’y figure que pour un tanguillo rumbero. Mais ne boudons pas notre plaisir.

Claude Worms

NB : autre disque de Roque "Jarrito" Montoya disponible sur le site : "Cante flamenco"

Programme du disque

"Yo siempre estaré contigo"
"El Polo de Tobalo"
"La sierra y tú"
"El mejor de los nacidos"
"Cómo recuerdo la Alhambra"
"Las piedras del Zacatín"
"La lluvia parece un llanto"
"Marinero, sube al barco"
"Arroyo de agüita clara"
"La Giralda reluce"
"El cabrerillo"
"Algeciras"
"Qué altita que está la luna"

"Yo siempre estaré contigo" – caña : Roque "Jarrito" Montoya (chant) / Luis Maravilla (guitare)

"El polo de Tovalo" – polo et soleá apolá (Enrique Ortega) : Roque "Jarrito" Montoya (chant) / Luis Maravilla (guitare)

"La sierra y tú" – serrana : Tomás de Antequera (chant) / Manolo Bulerías (guitare)

"El mejor de los nacidos" – saeta : Jesús Perosanz (chant) / Banda del Regimiento de Infantería de Jaén n° 25 (orchestre)

"Cómo recuerdo La Alhambra" – media granaína (Antonio Chacón) : Roque "Jarrito" Montoya (chant) / Luis Maravilla (guitare)

"Las piedras del Zacatín" – granaína (Manuel Vallejo) : Jesús Perosanz (chant) / Paquito Simón (guitare)

"La lluvia parece un llanto" – tarantas : Roque "Jarrito" Montoya (chant) / Luis Maravilla (guitare)

"Marinero, sube al barco" – malagueñas abandoladas de Juan Breva : Jesús Perosanz (chant) / Paquito Simón (guitare)

"La Giralda reluce" - sevillanas : Jesús Perosanz / Paquito Simón (guitare)

"El cabrerillo" – tanguillo / rumba : Cojo de Huelva (chant) / Manuel Vázquez "Sarasate" (guitare)

"Algeciras" – fandangos : Roque "Jarrito" Montoya (chant) / Luis Maravilla (guitare)

"Qué altita que está la luna" – Jesús Perosanz (chant) / Paquito Simón (guitare)


"Qué duquela más grande"
"Mi único espejo"
"Fandangos a la guitarra"
"Válgame Dios no le temes"
"Las llamas llegan al cielo"
"El domingo la vi en misa"
"Zambra a la guitarra"
"Ya la sangre le chorrea"
"Que bastante te he querido"
"Yo siempre estaré contigo"
"El Polo de Tobalo"
"La sierra y tú"
"El mejor de los nacidos"
"Cómo recuerdo la Alhambra"
"Las piedras del Zacatín"
"La lluvia parece un llanto"
"Marinero, sube al barco"
"Arroyo de agüita clara"
"La Giralda reluce"
"El cabrerillo"
"Algeciras"
"Qué altita que está la luna"




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